Des initiatives face aux mouvements migratoires
Les déstabilisations politiques, économiques et climatiques – sécheresse et famine – vont de pair avec une grande mobilité des populations en souffrance. L’immigration s’annonce comme une donnée structurelle de ce siècle pour les pays riches. Alors que les demandeurs d’asile et les migrants affluent vers eux, comment accueillir les nouveaux arrivants autorisés à rester sur le territoire ? Pour mieux les faire accepter, quels modes d’intégration urbaine les pouvoirs publics peuvent-ils favoriser ? Exemples de tests et d’initiatives à petite ou plus grande échelle qui pourraient se développer.
L’exemple canadien de prise en charge des réfugiés
Le Canada a été le premier pays à adopter un modèle de double parrainage des réfugiés qui reste très peu répandu ailleurs dans le monde. Les personnes peuvent être prises en charge par l’État ou bénéficier d’un programme de parrainage privé, plus à même de leur permettre de créer des liens personnels et durables avec la communauté locale. Plusieurs types d’organismes peuvent candidater, y compris, par exemple, un groupe constitué de cinq citoyens ou résidents permanents du Canada, âgés de 18 ans minimum. Ces derniers s’engagent moralement et financièrement à parrainer une famille dont les membres ne peuvent être séparés. Des liens personnels sont établis avec elle bien avant son arrivée.
Pour favoriser son intégration, le groupe volontaire participe à l’adaptation à la vie au Canada pendant l’année qui suit l’arrivée (et jusqu’à 3 ans maximum). Il aide les personnes à trouver un logement convenable, un emploi, à apprendre le français ou l’anglais, à se faire des amis, à s’initier à la culture et aux valeurs canadiennes, etc. Il peut lever des fonds privés et certaines des dépenses font l’objet de subsides de l’État. Le gouvernement canadien a dépassé son objectif d’accueil de 25 000 réfugiés syriens en s’appuyant pour plus d’un tiers d’entre eux sur le parrainage privé.
De solutions d’accueil des populations roms sur le territoire français
Sur les 20 000 personnes qui vivent en France dans des bidonvilles (chiffre de Médecins du Monde), beaucoup sont issues des minorités roms d’Europe de l’Est. Au cours des 10 dernières années, différents dispositifs d’aide ont été mis en place par les mairies afin d’intégrer les familles et de lutter contre le déploiement de logements de fortune. À Brétigny-sur-Orge par exemple, le groupe Opievoy a livré en 2012 un programme de 27 logements locatifs sociaux dédiés aux « gens du voyage ». Regroupées par deux et dotées d’une toiture végétalisée, ces habitations de plain-pied allant du deux-pièces au quatre-pièces ont été conçues par l’agence Drôles de trames en concertation avec les futurs résidents, sédentarisés depuis de nombreuses années sur un site proche. Les terrains ne sont pas tous clos individuellement mais, au contraire, découpés en fonction des demandes des familles. Leur largeur permet d’accueillir à côté du logement deux caravanes et de leur faire bénéficier directement de sa cuisine, sa salle de bain et son WC, regroupés dans un module habillé de métal.
La concertation a conduit à installer dans chaque maison, outre le chauffage central, un tuyau de raccordement à un poêle à bois. Ce travail en ateliers a aussi permis d’élaborer un règlement intérieur de la résidence qui interdit notamment l’élevage de poules et de coqs et impose un compteur individuel.