Des briques à partir de déblais

20 Juin 2024 | Lecture 3 min

Créée en 2017, la coopérative Cycle Terre à Sevran a pour objectif de développer la construction en terre crue de bâtiments à partir de déblais de chantier. Un exemple d’économie circulaire francilienne, qui a d’ailleurs déjà été déployé pour certains ouvrages des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Comme chaque mois, plongez dans le futur de la ville avec notre série “Habiter 2035”, où l’on vous dresse des scénarios possibles pour la prochaine décennie. Retenez votre souffle, immersion dans 3, 2, 1 …

Brique maison

Louis referme le coffre d’un geste appliqué, presque tendre. Il fait le tour du véhicule et monte derrière le volant. Un instant il reste là, sans démarrer le moteur, un peu rêveur. Ça y est, il l’a fait. Il vient de charger la dernière palette de brique en terre crue nécessaire pour la construction de sa petite dépendance. Bon il lui reste à tout construire lui-même, mais ça, c’est la partie qu’il connaît le mieux. Le plus dur est fait. Louis a fait faire des briques dans l’antenne locale de Cycle Terre à partir de la terre de son propre terrain. Après de longs échanges avec les ingénieurs de l’entreprise, une batterie de tests de sédimentométrie et autres mots de jargon à lui donner des maux de tête, ils ont trouvé la recette pour des briques solides et durables.

Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.

Travaux de terrassement - Unsplash

Travaux de terrassement – Unsplash

Zéro déchets

Cycle Terre existe. De là à savoir si l’entreprise ouvrira ses portes aux particuliers ou si elle implantera des antennes partout en Île-de-France, dur à dire. La coopérative a lancé son usine « La Fabrique » en 2021 à Sevran avec pour ambition de revaloriser la terre crue, injustement considérée comme déchet. Pour cela, elle transforme les déblais non pollués des chantiers franciliens en bloc de terre comprimée (BTC) qui servent comme matériau de construction.

De taille intermédiaire et en centre ville, l’usine a une vocation locale. « De notre point de vue c’est reproductible, pour 4 à 5 millions d’euros d’investissement, on peut s’installer un peu partout en Île-de-France et rayonner dans un rayon de 20 km » explique Paul-Emmanuel Loiret, architecte et président de Cycle Terre. L’idée est de court-circuiter la logique linéaire du BTP en développant une économie circulaire viable. Séchées naturellement, ces briques sont peu énergivores et peu émettrices. Elles se composent de terre séchée, de sable et d’eau de pluie. En fin de vie, elles peuvent être broyées et donner de nouvelles briques.

Travaux de terrassement - Unsplash

Travaux de terrassement – Unsplash

Être capable d’imaginer demain

En effet, chaque année, plus d’une vingtaine de millions de tonnes de terres sont extraites en Île-de-France. S’y ajouteront jusqu’en 2030 une quarantaine de millions de tonnes excavées pour permettre l’aménagement du futur réseau de trains métropolitains. Ces déblais représentent l’essentiel des déchets du secteur du bâtiment. Pour l’architecte, au-delà de l’intérêt environnemental, l’usage de terre crue en ville est un enjeu sensible et philosophique. « Levy-Strauss nous dit que l’observation de la nature est la source des premières émotions et des premières spéculations intellectuelles. Si l’environnement urbain était complètement artificiel, nous ne serions pas en capacité d’imaginer le monde de demain autrement que dans une continuité artificielle. »

Usbek & Rica
+ 70 autres articles

Articles sur le même thème

Réagissez sur le sujet

Les Champs obligatoires sont indiqués avec *

 


Connexion
Inscription
  • Vous avez déjà un compte identifiez-vous
  • Mot de passe oublié ?
  • Vous n'avez pas de compte, créez le ici
  • * Champs obligatoires
  • Max 200ko / Min 100x100px
    choisir