Dépolluer la ville, mode d’emploi
Fin mars, Paris et d’autres grandes villes françaises ont connu un pic de pollution historique. Pour chasser les gaz et les particules fines qui empoisonnent l’air intérieur comme l’air extérieur, des solutions originales existent. La preuve.
Des plantes pour purifier l’air intérieur
Le coût socio-économique de la pollution de l’air intérieur s’élève, en France, à plus de 20 milliards d’euros par an, d’après une étude publiée début avril par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Pire : toujours selon cette étude, la mauvaise qualité de l’air que nous respirons dans les espaces clos serait directement à l’origine de 20 000 décès prématurés chaque année (maladies cardiovasculaires, intoxication au monoxyde de carbone, cancers du rein dûs à l’inhalation de trichloréthylène…). Et encore, il s’agit d’une estimation basse, puisque seulement six polluants ont été mesurés dans le cadre de cette étude… Pourquoi l’air intérieur est-il aussi vicié ? En grande partie à cause des particules émises par le trafic automobile, auxquelles il faut ajouter la production de composés chimiques par la cuisine au gaz ou au feu de bois, l’émission de radon par les sols granitiques et le tabagisme passif.
Quand on sait que l’on passe en moyenne 80% de notre temps dans des lieux clos, il devient donc urgent d’agir pour purifier l’air que nous respirons. Si l’aération est une solution évidente – quoique trop souvent négligée – l’installation de plantes dépolluantes peut également s’avérer efficace. Depuis 1989 et les observations de Bill Wolverton, ingénieur à la NASA, on sait que certains végétaux peuvent absorber des quantités importantes de composés chimiques. On parle alors de « bioépuration », c’est-à-dire de purification par des organismes vivants. Les plantes les plus performantes en la matière sont le lierre grimpant (contre l’octane et le thricloréthylène), l’azalée (contre l’amoniac), le chlorophytum (contre le benzène et le monoxyde de carbone), la fougère de Boston (contre le formaldéhyde) et surtout le spatiphyllum, qui absorbe à peu près tous les polluants connus en grandes quantités. Cela dit, beaucoup d’experts soulignent le manque d’études scientifiques fiables sur l’efficacité dépolluante réelle de ces plantes, qui n’absorbent pas toujours les poussières, les métaux et certaines radiations.
Ces derniers mois, un certain nombre d’outils technologiques ont également été mis au point pour lutter contre l’air vicié de nos maisons. C’est le cas, par exemple, d’Air Serenity, un système soutenu par l’Ademe et développé en partenariat avec l’école polytechnique. Le principe : utiliser du plasma froid pour détruire par oxydation les polluants déposés sur les matériaux minéraux.
Le béton, arme anti-pollution ?
Pour lutter contre la pollution en milieu urbain, il est aussi possible d’agir sur la structure des bâtiments. Pour édifier de nouveaux immeubles ou batiments publics, les architectes privilégient aujourd’hui des matériaux sûrs, isolants et eshtétiques. Et trop souvent, ils oublient de prendre en compte dans leur équation la capacité de certains matériaux à lutter contre la pollution. Vanté pour sa résistance, moqué pour austérité, le béton est le plus connu de ces matériaux dépolluants. S’il n’est pas en mesure de détruire les particules fines, il peut s’attaquer avec succès aux oxydes d’azote (NOx), des gaz émis en quantité importante par les véhicules roulant au diesel. Des membranes d’étanchéité, des bardages ou des vitrages spécialement conçus à cet effet permettent également d’améliorer la qualité de l’air, même si leur efficacité dépend en partie du sens des vents. Pour dépolluer l’air, ces « systèmes constructifs » agissent selon les principes de la photocatalyse : « au contact de la surface, les polluants sont transformés grâce à l’absorption du rayonnement UV en nitrates qui sont ensuite éliminés par la matrice cimentaire », explique le site Lemoniteur.fr, spécialisé dans le BTP et la construction. http://www.lemoniteur.fr/199-materiaux/article/actualite/23896119-halte-a-l-asphyxie-avec-les-materiaux-depolluants La société Siplast, qui fabrique ce type de membranes dépolluantes, a ainsi mesuré que 10 000 m2 de toiture recouverte avec une membrane correspondent à la dépollution des Nox générés par huit voitures diesel et 35 voitures essence. Une efficacité non négligeable donc, surtout quand on sait que la capacité dépolluante de ces matériaux ne s’altère pas avec le temps.