Déployer le tissu végétal aux abords du bois de Vincennes
« Il faut cultiver notre jardin » Voltaire. En 2021, 81 % des Français vivaient en ville. Parmi eux, les habitants d’Île-de-France sont particulièrement “carencés en espaces verts” : 1 sur 2 est sous-exposé au quotidien à la diversité du vivant. Samuel Enogat, étudiant en master à l’École de Design Nantes Atlantique, a cherché le terrain de jeu idéal pour enraciner, faire pousser et éclore de nouvelles habitudes de biodiversité urbaine pour les habitants. Le bois de Vincennes et ses 543 hectares de massifs forestiers lui sont apparus comme l’écrin vert parfait. Il a imaginé 3 dispositifs simples, participatifs, malins qui encouragent les citoyens à végétaliser leur quotidien, à proximité du bois de Vincennes.
Capu’zine : le fanzine green qui sème de nouvelles habitudes
Fanzine ludique qui paraît tous les mois, Capu’zine encourage les citoyens à agir pour l’écologie de manière simple et efficace. À l’image des “green guerilleros”, chacun.e est invité à agir directement sur son environnement de vie, à quelques kilomètres de son domicile. La structure du fanzine au format Open source permet à chaque lecteur de proposer une typologie d’action plus adaptée à son écosystème immédiat
Samuel propose à chacun.e de revêtir l’une des casquettes suivantes : chasseur de graines ou germeur, semeur, boutureur, hacker d’environnement ou encore protecteur de canicules. À moins que vous ne préfériez le rôle de peintre en mousse, bricoleur ou nourricier… ?
Celui qui se prend au jeu peut, aussi mettre en place une grainothèque dans son immeuble, sa bibliothèque ou à l’école. Le fanzine du chasseur de graines propose des informations sur les graines trouvables en pleine nature et des sachets à découper dans le fanzine, afin de collectionner des graines à échanger ou à troquer avec ses voisins.
Enfin, le magazine propose au lecteur une plongée immédiate dans la pratique. Le chasseur de graines plie les enveloppes, le semeur plante du papier ensemencé et l’archiviste crée une base d’herbier !
L’objectif final ? Créer une communauté “verte” active et faire pousser le lien social grâce aux propositions de Capu’zine.
Pisé : la station de bus écolo et chaleureuse
Station de bus conçue pour créer du lien et rassembler, Pisé se situera à un arrêt de bus jouxtant le bois de Vincennes. Car c’est un fait : le bois est bordé de nombreuses stations de transports en commun. Se les approprier pour faire foisonner plus de biodiversité et ainsi, étendre le tissu végétal aux tracés des transports en commun semble être une piste idéale !
En effet, le jeune designer a constaté qu’il manquait du mobilier aux abords des arrêts de bus. La pédagogie liée à la diversité du vivant n’est pas assez présente selon les habitants qui ont peu l’occasion d’agir pour améliorer les abords du bois de Vincennes.
Pisé a pour vocation de s’intégrer aux parcours des passagers ou promeneurs. C’est une halte verte pour s’occuper en attendant le bus, une respiration organique où planter des graines, disposer des marrons, placer des enveloppes à graines ou contempler des espèces végétales en pleine croissance.
Construite sur une base en terre compactée (pisé) et en bois, Pisé revêt des formes variables. Totem floral qui domine l’enseigne “bus”, compartiment de germination, banc, grainothèque et panneaux affichant les horaires de bus, composent les modules de cette structure vivante et rassembleuse. En termes de financement, les budgets participatif de villes en périphérie du bois sont ouverts aux projets des habitants. Ils pourraient alimenter ce projet au service du vivant.
Pépins d’ici : la pépinière qui protège le bien commun
Les habitants de Vincennes et des communes à proximité viennent se promener dans le bois de Vincennes, car ils apprécient son calme apaisant et sa richesse végétale.
Pourtant, les actions de végétalisation individuelles leur semblent bien contraignantes. Il n’y a pas de plantes locales disponibles à la vente et ils sont peu sensibilisés à la faune et flore environnante. Repérer, récolter, planter, bouturer ne sont pas des actes habituels pour la majorité d’entre eux.
Samuel a conçu cette pépinière comme un espace dédié à la culture et à la production de végétaux locaux. Pépins d’ici encourage les habitants à faire fructifier un bien qu’ils ont en commun : les graines, bulbes et plantes locales. La pépinière pourrait, à terme, devenir un espace de reproduction et de culture de plantes adultes issues du bois. Celles-ci seraient ensuite proposées à des particuliers, villes ou associations afin qu’ils fassent croître la végétalisation urbaine ou embellissent leurs jardinières.
Ce projet serait mené à l’échelle du quartier. Pépins d’ici verrait le jour grâce à l’implication d’habitants volontaires et d’acteurs liés aux espaces verts de la ville. La pépinière prendrait la forme d’un petit musée de la biodiversité locale. Les graines indigènes récoltées dans les bois seront cultivées à la pépinière, puis redistribuées. Des panneaux explicatifs proches de la serre de Pépins d’ici fourniront des informations précieuses aux promeneurs, curieux et mains vertes.
Quoi de mieux que l’orée d’un magnifique bois pour faire germer la conscience écologique du citadin ? Quoi de mieux qu’un magazine, un arrêt de bus ou une pépinière participative pour enraciner chez eux de nouvelles habitudes de végétalisation ? Avec ce projet modulable et astucieux, Samuel Enogat encourage la protection du vivant, ravive le lien social et allume l’éveil des consciences. Car prendre soin de la biodiversité au coin de notre rue, c’est rien de moins que s’engager pour l’avenir de l’humanité toute entière.