La navette fluviale est-elle le futur des transports en commun ?
La quasi-totalité des grandes villes dans le monde sont situées sur un ou plusieurs cours d’eau et pourtant, le transport fluvial de passagers n’y est pas toujours développé. En France, dans le sillage de villes comme Nantes, Lyon, Angers ou Paris, la pratique s’accélère et – à la faveur d’innovations – elle pourrait devenir un véritable atout pour la mobilité urbaine.
Le transport fluvial est un mode de déplacement qui utilise ce qu’on appelle les “voies d’eau de navigation intérieure”, c’est-à-dire les canaux, fleuves et rivières. Cette activité à deux utilités principales : le transport de marchandises et le transport de voyageurs.
En France, le transport de marchandise par voie fluviale a longtemps été une activité économique phare dans certaines régions. C’était notamment le cas sur la Loire, afin de faire remonter vers les terres les marchandises qui arrivaient aux ports de Nantes et Saint-Nazaire, et réciproquement. Cependant, avec le développement massif du transport ferroviaire puis routier, cette activité a perdu de sa superbe. Aujourd’hui, ce mode de transport ne pèse que 3 % du fret total en France.
Pourtant, à la faveur de la transition écologique, le sujet est en pleine croissance. Avec 52,5 millions de tonnes de marchandises qui passent par les cours d’eau, ce sont actuellement plus de 2,6 millions de camions qui sont évités chaque année. Et même si on est encore loin des 110 millions de tonnes de marchandises qui étaient transportées via les cours d’eau en 1970, il y a des motifs d’espoir. D’autant plus que la France compte environ 18 000 km de voies d’eau dont 8 500 km sont navigables : c’est le plus long réseau de voies navigables d’Europe.
Un espoir qui touche également le transport de passagers. Miser sur les navettes fluviales pour désengorger le trafic en ville est un vieux serpent de mer des politiques de mobilités urbaines. Mais ces dernières années, de plus en plus de métropoles accélèrent sur le sujet, avec notamment quelques exemples de réussites.
Quels sont les avantages du transport fluvial ?
Pour une collectivité, le premier avantage à mettre en place des lignes fluviales de transports de passagers, c’est évidemment de permettre de désengorger le trafic sur les routes où les autres modes de transports collectifs. Non pas que cela constitue une solution miracle pour éviter les embouteillages, mais cela participe à réduire la congestion en apportant une solution supplémentaire sur certains trajets.
En outre, l’investissement est assez réduit par rapport à d’autres types de transports en communs. Certes, il est nécessaire d’investir dans les navettes et leur entretien, mais les territoires économisent en revanchent sur les infrastructures : pas de routes où de rails à mettre en place, pas d’importants travaux de voirie à effectuer.
Le transport fluvial est également beaucoup moins polluant que le transport terrestre. D’autant plus avec l’arrivée sur le marché de nouveaux modes de propulsion. En France, Nantes et La Rochelle testent déjà des navettes à hydrogène afin de décarboner complètement le transport fluvial ; quand d’autres misent sur l’électrique. C’est aussi un transport qui permet de réduire la pollution sonore.
Enfin, sauf pour celles et ceux qui ont le mal de mer, le transport maritime représente une expérience de voyage agréable. C’est également un moteur pour développer le tourisme. Nous en possédons en France un bel exemple avec les bateaux mouches sur la Seine. Mais c’est aussi un mode de transport utilisé pour les trajets du quotidien dans de grandes métropoles. À Londres, par exemple, il existe aujourd’hui 6 lignes fluviales qui desservent une trentaine d’arrêts. On retrouve également ce mode de transport dans d’autres grandes villes : New-York, Hong-Kong ou Rotterdam à l’étranger ; mais aussi Nantes, Bordeaux ou La Rochelle en France. Et parce que la plupart de nos villes sont installées sur des cours d’eau, le transport fluvial représente sans doute l’avenir des transports en commun.
Un enjeu d’intégration dans l’espace urbain
Pour être efficace, la navigation fluviale nécessite tout de même un minimum d’investissement et d’intégration dans la ville. Côté infrastructures, il faut à minima investir dans des pontons et des embarcadères, mais aussi dans du mobilier urbain afin de signaler les arrêts et rendre disponible l’information aux voyageurs où la vente de tickets.
Sur ce dernier point, on note que certaines collectivités ont fait le choix d’intégrer directement la navigation fluviale dans l’offre de transport de la ville. C’est le cas à Nantes, par exemple, où les navettes fluviales sont gérées par l’opérateur de transports en commun de la métropole. Les utilisateurs utilisent donc le même ticket pour le bus, le tramway où la navette fluviale, ce qui facilite son utilisation.
Un point important car la réussite d’un réseau de navettes fluviales est notamment liée à son intégration dans un contexte d’intermodalité. Cela signifie, par exemple, la mise à disposition de parkings pour les voitures et vélos à proximité des arrêts, mais aussi un maillage à proximité des autres modes de transport. C’est le cas à Londres où le service de bus fluvial dessert des stations de métro et de train afin de permettre d’améliorer le maillage de la ville.
Dans un contexte global où la majorité des métropoles et villes moyennes réfléchissent à un rééquilibrage de leur espace public, le transport fluvial de passagers représente donc un atout indéniable, au même titre que les téléphériques urbains, qui sont aussi de plus en plus nombreux à se multiplier dans les villes du monde entier.