Devenez propriétaire d’un tiers-lieux : une nouvelle méthode pour produire la ville ?
Après 3 ans d’occupation sous le nom de Friche Lucien, l’atelier du même nom vient de signer une convention pour 10 ans et a ouvert le Quartier Libre de Rouen, en faisant passer l’espace de 5 000 à 8 000m², durant la saison estivale. Mais la plus grande nouveauté tient à l’édition de titres participatifs, qui permettent à tout un chacun de posséder un bout de ce quartier mixte et vivant. Et si les investissements de chacun permettaient de produire collectivement la ville ?
La naissance d’un lieu incontournable de la culture
À l’origine, l’ancienne gare de FRET de Saint-Sever n’était destinée qu’à accueillir la deuxième saison d’un festival d’art pluridisciplinaire organisé par le Collectif Lucien, mais aujourd’hui elle est devenue un lieu emblématique de la culture à Rouen. C’est lors une discussion sur un banc de leur école que ces étudiants de l’Ecole d’Architecture de Normandie se sont lancés dans le projet. Après une première édition de festival réussie en mai 2016, le collectif recherche un nouveau lieu pour leurs prochains événements et tombent sous le charme des 8000 m2 de cette ancienne gare désaffectée. Après l’accord de la SNCF et de la commune, le lieu est rebaptisé “la friche Lucien” et sera réinvesti tous les ans en période estivale durant 2 à 6 semaines. Le temps aux rouennais et rouennaises de venir découvrir une friche métamorphosée en un lieu convivial et chaleureux rythmé par la culture, la musique, l’art, et les expositions.
Place à la saison estivale ! Le festival alternatif PARENTHÈSE s'installe dans l'ancienne Gare Saint-Sever à Rouen https://t.co/TIqxOmkAKP pic.twitter.com/Br4hpEB875
— SNCF Voyageurs (@SNCFVoyageurs) April 12, 2017
Après trois années réussies, l’espace alternatif décide en 2019 de monter en grade et d’occuper les lieux sur une plus longue durée : une période de six mois, d’avril à septembre, où les 35 bénévoles de la friche organisent et programment plusieurs dizaines d’artistes pour animer les lieux : musiciens, tatoueurs, peintres, graffeurs…
En 2020, c’est avec leur diplôme en poche et une conviction forte pour leur projet, que les fondateurs du collectif Lucien décident de pérenniser leur activité en transformant l’association en une coopérative. Devenu une SCOP, c’est-à-dire une Société Coopérative et Participative qui s’organise autour d’une gouvernance démocratique, l’Atelier Lucien emploie aujourd’hui plus d’une trentaine de salariés et se spécialise dans la conception de lieux et d’événements avec une expertise d’artisans autour de l’art visuel, la cuisine responsable et la musique. Comme une vitrine de leur entreprise, le tiers-lieux rouennais témoigne de la force des lieux et des possibilités multiples de développer la ville de manière plus collective, responsable et durable.
Dans l’idée de créer une vie de quartier à part entière, les 5 000 m2 déjà aménagés sont organisés de manière synergique. On y trouve notamment un jardin partagé de 500 m2, un chapiteau qui abrite une scène, des espaces restauration comme le retrouvez la publication Instagram de : Le Quartier Libre de Rouen qui propose pour la première fois à Rouen une cuisine traditionnelle de ce type, des espaces plein air, un café coworking comme le fait social qui se transforme en bar culturel à la nuit tombée, des guinguettes comme l’avant poste, une dizaine d’échoppes de boutiques tremplins dans des containers aménagés… En clair, de quoi constituer tout un écosystème digne d’un micro-village, et le tout auto-construit de la manière la plus cohérente et responsable possible tout en tenant compte de l’aspect éphémère du projet, avec des structures en bois et des containers.
I. De friche Lucien à Quartier Libre
En 2022, nous avons dit au-revoir à la Friche Lucien pour dire bonjour au Quartier Libre de Rouen. Ce changement de nom, qui se veut plus inclusif et accueillant, n’est qu’une étape dans le processus de transformation des lieux puisque le collectif Lucien a obtenu, de la part de la SNCF, la reconduction d’occuper le site pour dix ans sur un périmètre élargi. L’occasion pour eux de refonder l’espace de manière plus réfléchie, moins organique et surtout plus projetée. Même s’il évolue, il reste toujours un lieu très engagé proposant une programmation d’événements thématiques autour de la transition écologique et sociale, et qui restent majoritairement gratuits et accessibles à tous pour favoriser la mixité sociale.
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Voilà le nouvel objectif du Quartier Libre : partir à la conquête de la saison hivernale ! Un projet qui s’accompagne d’une évolution de son offre et ses activités. Comme une extension de la Friche Lucien, la version 2.0 souhaite créer une pépinière d’entreprises, développer son exploitation d’agriculture urbaine, et mettre sur pied un pôle hôtelier. De quoi pouvoir s’occuper pendant plus de 24h !
Des travaux d’aménagements pour adapter les lieux au climat hivernal sont cependant nécessaires et c’est pourquoi le collectif a lancé une levée de fonds : 300 000 euros pour financer une partie des travaux estimés à 750 000 euros sur trois ans. Pour se faire, Atelier Lucien a fait appel à Lita.co, une plateforme pour les investisseurs solidaires qui sélectionne minutieusement les projets à forte utilité sociale et environnementale. Une manière de proposer aux plus fidèles d’investir directement dans le projet et de devenir propriétaire d’un tiers-lieux – à une certaine échelle évidemment.
L’investissement se fait sous forme de titres participatifs, comme nous l’explique Simon Ugolin, l’un des associés d’Atelier Lucien : « On a vu avec Lita pour éditer des titres participatifs. Ils sont en gros des prêts à notre coopérative pour qu’elle se développe plus vite qu’initialement. On met la somme qu’on veut a partir de 200 euros. On a un retour sur un investissement tous les ans et le remboursement de cette somme au bout de sept ans. » De cette façon, en investissant directement dans le projet, tout le monde peut participe d’une certaine manière à la transition sociale et écologique engagée par le tiers-lieux. Cet investissement assure également une place lors des réunions régulièrement organisées pour discuter de l’évolution du projet. Une nouvelle aventure qui peut être des plus enrichissantes !
II. Les investissements : une nouvelle manière de produire collectivement la ville ?
Investir son argent pour produire la ville n’est pas nouveau, avez-vous déjà entendu parler des SCPI ? Tout comme Lita.co, les Sociétés Civiles de Placement Immobilier utilisent votre argent pour investir dans l’immobilier, à la seule différence qu’elles ne le font pas uniquement pour des projets solidaires et engagés… Lorsque vous investissez dans les SCPI, vous n’achetez pas des titres participatifs mais des parts, celles-ci sont mutualisées pour créer un fond commun que la société va utiliser pour acheter des bâtiments. Ces bâtiments sont par la suite loués à des entreprises pour être utilisés comme commerces, bureaux, entrepôts, EHPAD, crèche, école… La SCPI se charge de la totalité de la gestion du bâtiment, elle en est la propriétaire donc s’occupe des frais d’entretien et travaux à effectuer en cas de besoin. En retour, les loyers perçus par la société, une fois déduits des frais, sont redistribués aux investisseurs de manière proportionnelle à leur investissement.
Ce fonctionnement permet finalement à des entreprises qui ne possèdent pas les fonds suffisants pour être propriétaires, ou qui ne le souhaitent tout simplement pas, de pouvoir profiter de locaux en tant que locataires. Enfin, le réel avantage se tourne surtout vers les investisseurs qui n’ont aucune démarche de gestion à entreprendre, mais à l’inverse n’ont aussi aucune emprise ou poids sur les décisions prises par la SCPI. Contrairement avec Lita.co, vous ne pouvez donc pas choisir précisément dans quelle entreprise vous investirez, seulement la fonction de cette dernière : commerciale, sociale…
Finalement, bien que plusieurs investisseurs aient contribué à l’achat d’un immeuble, le projet en tant que tel n’est construit que par la SCPI et non pas collectivement ou de manière collaborative.
Alors si vous préférez un entre-deux, un investissement à la fois pérenne et qui a du sens d’un point de vue social et écologique, tournez-vous vers les plateformes d’investissements solidaires comme Lita.co. Que ce soit pour des projets d’immobilier durable, de consommation responsable, d’agricultures et d’industries résilientes ou d’économie sociale, les choix sont multiples et risquent de bel et bien vous convaincre de vous lancer dans une aventure enrichissante, et pas seulement sur le plan financier !