Athènes, comment la ville la plus chaude d’Europe fait face au changement climatique
La capitale grecque est considérée comme l’une des villes européennes les plus exposées au réchauffement climatique. Pour y faire face, la ville a pris plusieurs mesures ces dernières années pour s’adapter à un climat qui change, jusqu’à créer un « département de la résilience » au sein de la municipalité.
Avec une population de 664 000 habitants, la capitale grecque a émis environ 4,5 millions de tonnes équivalent CO2 en 2019 et se donne comme objectif de réduire ses émissions de 40% d’ici 2030, à l’image de ce que de nombreuses villes doivent réaliser dans les prochaines années pour coller aux objectifs de l’Accord de Paris. Mais pour la ville d’Athènes, ce combat pour le climat se fait en parallèle d’une autre bataille : lutter contre la chaleur.
En effet, c’est peu connu, mais Athènes est aujourd’hui considérée “comme l’une des villes les plus exposées à l’augmentation des vagues de chaleur liée au changement climatique” ainsi que le rapporte l’observatoire mondial de l’action climatique diffusé par l’association Climate Chance. C’est notamment l’étude menée par l’Université de Newcastle, et portant sur 571 villes européennes, qui le prouve puisqu’elle a identifié Athènes comme l’une des villes européennes les plus vulnérables aux impacts des vagues de chaleur et des sécheresses.
Membre depuis 2007 du C40 (aussi appelé Cities Climate Leadership Group) – une organisation créée en 2005 par l’ancien Maire de Londres Ken Livingston, dont l’objectif est de fédérer les initiatives mises en place par les collectivités locales afin de lutter contre le réchauffement climatique – la capitale grecque est évidemment consciente de cet enjeu et s’applique à mettre en place depuis des années des actions pour lutter contre la chaleur.
La végétalisation au coeur du projet métropolitain
La végétalisation et la création d’espaces verts figurent en première position parmi les actions à mettre en place afin de lutter contre la chaleur urbaine. Sur ce plan, Athènes fait partie des villes les plus actives en Europe. Elle possède d’ailleurs l’un des taux les plus élevés d’espaces verts parmi les capitales européennes derrière Stockholm, ce qui est atypique pour une ville méditerranéenne, historiquement moins fournie en la matière que les villes du nord de l’Europe.
Ces dernières années, la capitale n’a pas lésinée sur le sujet en multipliant par 4 son budget dédié aux espaces verts. Elle a aussi bénéficié d’un prêt de 5M€ de la part de la Banque Européenne d’Investissement pour financer des projets d’infrastructures vertes ou bleues. Un point d’importance car, au-delà des parcs, jardins ou toitures végétalisées, la ville développe également l’accès à l’eau, avec notamment la création de fontaines.
L’objectif de la municipalité est ainsi d’avoir 30 à 40 % de la surface de la ville qui soit perméable à l’eau, et qu’au moins 70% de la population puisse avoir accès à un espace vert ou un point d’eau dans un rayon de 15 minutes à pied. Un idéal qu’on retrouve généralement dans les villes européennes qui font figure d’exemple en la matière. Ainsi, la ville espagnole de Vitoria-Gasteiz – capitale verte de l’Europe en 2012, offre un cadre où chaque habitant réside à moins de 300 mètres d’un espace vert.
Et pour mener à bien ces actions de végétalisation mais aussi prendre des mesures d’adaptation de la ville à un contexte de réchauffement climatique, la ville d’Athènes s’est dotée d’une gouvernance atypique, avec la création – dès 2016 – d’un “département de la résilience et de la durabilité” au sein de la mairie.
Un département dédié à la résilience au sein de la municipalité
Il y a 6 ans, la municipalité d’Athènes a donc officialisé la création d’un département de la résilience et de la durabilité afin de mettre en œuvre des actions relatives à la “Stratégie 2030 pour la résilience d’Athènes” composée de 65 actions liées aux Objectifs de développement durable (ODD)
La ville a notamment mis en avant un risque de santé publique lié à l’augmentation de la chaleur. Ainsi, sur la période 2000-2012, la ville estime qu’il existe une augmentation du taux de mortalité de 5% pour chaque degré supérieur à des températures quotidiennes maximales de 31°C. La ville a donc mis en place une campagne de sensibilisation auprès de ses habitants pour faire de la pédagogie sur le lien entre les températures élevées et les risques pour la santé. La ville travaille également à une meilleure orientation des populations à haut risque en cas de températures élevées et la création d’un maillage de « centres de fraîcheur » dans la ville pour héberger les populations vulnérables en cas de fortes chaleurs.
De manière plus globale, ce département de la résilience travaille également à la mise en place de mesures concernant le développement des mobilités douces et la réduction de la pollution atmosphérique, sur une optimisation de la gestion des déchets via l’économie circulaire mais aussi un travail sur l’open-data. Entre autres actions, on peut également citer la mise en place d’un observatoire de la précarité énergétique ; la mise en place d’actions de sensibilisation aux économies d’énergies ou encore la lutte contre le gaspillage alimentaire.