Data centers : de l’acceptable au désirable

3 Nov 2014

Il existe un objet urbain largement méconnu, et qui pourtant symbolise peut-être mieux que tout autre la démocratisation du numérique dont tant de métropoles se vantent. Cet objet, c’est le data center : épicentre des connexions d’un territoire mais souvent caché aux yeux des citadins, il méritait bien qu’on lui consacre une chronique. Car ses secrets sont révélateurs de la ville connectée qui se construit sous nos pieds.

L’erreur est classique, au point qu’on n’hésitera pas à débuter ce texte par cette lapalissade : contrairement à une idée largement répandue, le numérique n’a rien de “virtuel”. Il existe en effet tout un ensemble d’infrastructures matérielles qui donnent vie à cet écosystème “immatériel” qui régit nos vies contemporaines… Outre les câbles à gogo (souvent enterrés), les data centers (ou “centre de traitement de données” en français) sont évidemment au coeur de ce vaste réseau.

Dennis van Zuijlekom - Airflow.  Source : https://www.flickr.com/photos/dvanzuijlekom/8522009353

Dennis van Zuijlekom – Airflow.
Source : https://www.flickr.com/photos/dvanzuijlekom/8522009353

Un data center, pour le dire rapidement, est une endroit où se concentrent de nombreux serveurs et autres équipements dédiées aux télécommunications numériques. A titre informatif, la région parisienne compte par exemple 34 data centers, à en croire une cartographie qui leur est dédiée. La majorité des besoins en la matière se concentrant en zones urbaines, l’installation de data centers en centre ville se justifie pleinement sur le plan économique… mais beaucoup moins dès lors qu’on étudie le sujet sur le plan écologique.

Une absurdité écologique

Dire que les data centers sont particulièrement énergivores relève de l’euphémisme naïf. En effet, ceux-ci requièrent d’importants systèmes de climatisation afin de garder les serveurs le plus froid possible (c’est pour cette raison que certaines compagnies préfèrent installer leurs centres dans des contrées reculées du Grand Nord, à l’instar de Google en Finlande ou Facebook en Suède). Mais ceci a évidemment un coût écologique : à l’heure actuelle, les data centers représenteraient presque 2 % de la consommation énergétique du globe, soit l’équivalent de trente centrales nucléaires !

En France, en 2013, ces usines du numérique consommeraient environ 9 % de l’électricité, une consommation en hausse de 10 % par an.” Et ces chiffres ne peuvent qu’augmenter, compte-tenu des besoins en bande-passante toujours plus gourmands, notamment avec l’essor du “cloud computing” et de l’Internet mobile. A cela s’ajoutent évidemment les potentiels risques d’accidents de ces espaces… La forte opacité des data centers, souvent ultra sécurisés et donc quasi inaccessibles, contribue évidemment à l’inquiétude de certains riverains.

Un objet mal-aimé en quête de reconnaissance

Les data centers partent donc avec de sérieux handicaps pour gagner la sympathie des citadins… On comprend, dans ces circonstances, qu’ils préfèrent encore rester cachés ou mieux, enterrés ! Dans le même temps, on imagine mal la planète réduire drastiquement sa consommation Internet pour économiser ces précieux kilowatts.

Bob Mical - Data Center.  Source : https://www.flickr.com/photos/small_realm/11189803153

Bob Mical – Data Center.
Source : https://www.flickr.com/photos/small_realm/11189803153

Dans ce contexte, certains acteurs tentent de développer de nouvelles technologies afin de rendre les data centers plus écologiques, notamment en réutilisant la chaleur produite par les serveurs pour alimenter un immeuble ou même un quartier. Pas si utopiste que cela en a l’air : c’est par exemple un data center qui depuis 2011 chauffe certains bâtiments de Val d’Europe et Disneyland Paris ! Une solution gagnant-gagnant, qui s’inscrit dans la large palette du “green computing”, actuellement en plein boom.

Les nouveaux parangons d’une ville plus intelligente ?

De telles solutions, qui illustrent parfaitement “l’intelligence” dont nos villes ont tant besoin, ont logiquement le vent en poupe depuis quelques années maintenant. Cela suffira-t-il à rendre les data centers urbains plus acceptables pour les populations locales ? Sûrement.

Dennis van Zuijlekom - Green. Source : https://www.flickr.com/photos/dvanzuijlekom/8523276256

Dennis van Zuijlekom – Green.
Source : https://www.flickr.com/photos/dvanzuijlekom/8523276256

Mais en poussant cette logique encore plus loin, d’autres solutions émergent qui rendraient presque les data centers obsolètes. En effet, la start-up française Qarnot Computing propose d’équiper les logements de radiateurs intelligents, ceux-ci faisant office de micro-serveurs pour des entreprises partenaires :

“Ainsi, en installant un Q.rad dans un immeuble collectif, on chauffe les appartements gratuitement : ce sont les entreprises faisant appel à la force de calcul des radiateurs qui remboursent l’électricité. En partenariat avec la Ville de Paris pour ce projet encore expérimental, Orange a équipé d’un accès très haut débit 100 appartements d’un immeuble du 15ème arrondissement.”

Qui l’eut cru ? Le logement du futur sera peut-être un data center en puissance !

Pour aller plus loin :

{pop-up} urbain
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