Dans les villes de demain, bougerons-nous mieux ensemble ?

Roll my route ©RideChariot
26 Oct 2015

Une application qui vous propose de dessiner votre trajet quotidien préféré, de le partager et d’engager un réseau de transport collectif privé si suffisamment de membres choisissent le même trajet. Une autre qui vous permet de traverser la ville dans un bus intégralement pensé pour ceux qui ne souhaitent pas perdre une minute dans leur travail quotidien. Une dernière qui vous permet de rentrer tard le soir, en profitant d’un réseau de lignes fixes de taxis collectifs. Ce sont les nouvelles applications qui nous font bouger dans les villes aujourd’hui : quand l’individuel, le technologique, l’adaptatif riment avec le collectif !

A San Francisco, en 2013, une nouvelle startup de nom de Leap a commencé à apparaître sur les réseaux de téléchargements d’application. Son objectif : réinventer le transport en commun. Son idée : miser sur le taxi collectif haut de gamme destiné à ceux qui souhaitent traverser la ville tout en travaillant. Spécialement aménagés pour les salariés et autres entrepreneurs de San Francisco, les bus possèdent différentes tables sur lesquelles il est possible d’entreposer son Mac ou son PC pour y travailler le temps du trajet. Doté d’un wifi gratuit et de ports USB, les bus de RideLeap sont accessibles via une réservation depuis son smartphone.

Vous n’avez pas eu le temps de prendre votre petit-déjeuner ce matin ? « Don’t worry », il y a tout ce qu’il faut dans les bus de Leap Transit : café, jus d’orange et autres snacks bio… Et en plus de cela, vous respectez l’environnement puisque l’ensemble de la flotte est alimentée par du gaz naturel. Au contraire des bus du service public MUNI qui sont de plus en plus décriés par les habitants de la ville, le service séduit à San Francisco. Mais malgré tous ses attraits, Leap Transit reste réservé à une certaine catégorie sociale de personnes au vu de son tarif : 6$ par trajet au lieu des 2,25$ pour un trajet de bus MUNI. Une généralisation est donc loin d’être prévue. Par ailleurs, occupant les arrêts de bus publics, la startup ajoute son concours aux nombreux problèmes de congestion du trafic urbain.

Mais, pour ceux qui souhaitent payer moins cher, il y a tout de même d’autres solutions. Et les bonnes vieilles recettes des taxis collectifs issues des pays en voie de développement, sont remises au goût du jour par les pays occidentaux tels que la France, les Etats-Unis ou bien d’autres pays à travers le monde.

Roll my route ©RideChariot

Roll my route ©RideChariot

Misant sur le crowdfunding, la startup Chariot qui a aujourd’hui 6 lignes à son actif, est elle aussi née à San Francisco, mais cette fois-ci, le service est plutôt destiné à des passagers qui empruntent le même itinéraire chaque jour. Pour savoir si votre parcours est desservi, il suffit de vous connecter sur l’application dédiée, de prendre connaissance des lignes existantes, de choisir celle qui vous convient le mieux et de payer votre pass mensuel illimité, ou au minimum deux trajets, au prix de 10$.

 

Vous ne trouvez pas votre trajet ? Ne désespérez pas pour autant, vous pouvez mobiliser votre voisinage, vos collègues de travail, ou vos voisins d’entreprises, pour faire ouvrir une nouvelle ligne qui corresponde à votre parcours ! Chaque personne souhaitant soutenir l’ouverture de la nouvelle ligne devra alors prendre son abonnement. Plus il y a d’abonnement, plus il y a de chances que la ligne soit active.

Padam ©Padam

Padam ©Padam

Mais Chariot c’est uniquement pour la journée. Car si vous rentrez de soirée, que vous êtes aussi fauchés et que vous n’avez pas envie de vous “taper” le bon vieux Noctibus ce soir, depuis un an, Padam vous permet à Paris de rentrer chez vous grâce à un service de taxi… collectif, vous l’aurez deviné !

Cette évolution pour le collectif peut paraître évidente aujourd’hui, mais si l’on remonte à quelques années, elle reste assez étonnante et les seuls occidentaux volontaires pour les partages de taxis avec des inconnus étaient ceux qui partaient à l’autre bout du monde et profitaient de cette culture locale. Mais il ne faut pas se méprendre pour autant et affirmer que ce nouvel eldorado qu’est l’économie collaborative est uniquement pavé d’intentions solidaires. Car, même si la crise économique est passée par là et que l’aspiration à un capitalisme plus mesuré s’est développé, il est également une réponse individuelle, comme son développement dans le domaine des transports le met en lumière.

Dans une vidéo publiée au début de l’année 2015, la société italienne Next présente un concept de voiture modulaire qu’elle a imaginé. Ce concept révolutionnaire est une sorte de voiture électrique sans chauffeur, mais qui n’a rien avoir avec la Google Car si attendue. Ici, toutes les voitures sont carrées et peuvent surtout s’emboîter les unes aux autres, rappelant ainsi que le tout peut parfois être autre chose que la seule somme de ses éléments. En effet, une fois les voitures regroupées, le nouveau module ainsi créé donne vie à une sorte de bus dans lequel il est possible de se déplacer et de rencontrer les autres passagers. Il est donc possible d’y ajouter différents services comme des modules permettant de recharger les batteries des autres modules, ou des modules de restauration.

Par ailleurs, un tel modèle peut également créer un gain de place non négligeable sur la route et ainsi permettre d’alléger le trafic. Le tout gagne donc en efficacité et c’est l’ensemble de ses parties qui en profite, rajoutant également une dimension sociale ainsi qu’un confort évident. Ainsi dans cette nouvelle économie qui se dessine, le collaboratif n’est pas seulement une finalité, mais c’est surtout un moyen de satisfaire les individualités. On se tourne vers l’autre en en faisant le principe même d’une nouvelle économie, qui se révèle, au final, plus avantageuse pour chacun. Alors que les modes de déplacement individuels ont créé le trafic urbain, ces nouveaux modes de transports à la fois individuels et collectifs peuvent permettre de l’alléger et ainsi satisfaire tous ceux qui se rendent au travail chaque matin.

En résumé, le principe fondateur des villes de demain ne devrait-il pas être basé sur l’idée que leur agencement ainsi que la collaboration de leurs habitants pourraient créer un ensemble plus profitable que ne l’est le seul intérêt individuel de chacun ?

 

 

 

 

LDV Studio Urbain
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