Le coworking redessine La Défense
Dans l’inconscient collectif, les tours de verre du plus grand quartier d’affaires européen ne sont pas associées à un sentiment de convivialité… Mais la croissance du coworking modifie en douceur les environnements de travail, désormais plus proches de cafés que d’open spaces impersonnels.
Le coworking casse les codes de l’immobilier tertiaire traditionnel, et avec goût. De nombreux espaces ont déjà essaimé dans Paris, comme l’Anticafé, le Lawomatic ou le NUMA. Le quartier de La Défense, fer de lance de trente glorieuses aujourd’hui révolues, n’échappe pas à cette dynamique et s’adapte aux besoins de flexibilité d’une nouvelle génération de travailleurs. Ils sont informaticiens, graphistes, consultants, rédacteurs ou bien encore auto-entrepreneurs ; la mutualisation des compétences ou le partage des expériences leur importe plus que le confort matériel apporté par le bureau classique, qu’ils considèrent comme désuet.
D’après une étude menée en Île-de-France par l’agence WeDoData, 92% des usagers du coworking y ont recours pour agrandir leur cercle social et 80% le font pour développer leur cercle professionnel. 75% optent pour cet environnement de travail pour augmenter leur productivité et 38% y voient un moyen de faire croître leurs bénéfices. Le montant des loyers reste aussi déterminant. Marie Varasson, journaliste au Nouvel Économiste, rappelle que « deux mètres carrés en fixe à la Défense se louent entre 600 et 800 euros [par mois] selon l’immeuble, tandis que le prix d’un poste en coworking démarre à 280 euros. »
Une pension de famille dédiée aux entreprises
Les groupes Regus et Multiburo disposent de plusieurs centres de coworking à La Défense. Nextdoor, filiale de Bouygues Immobilier créée en 2014, a rejoint le mouvement. Pour son président Philippe Morel, les clients viennent chercher une atmosphère bienveillante. « C’est une pension de famille dédiée aux entreprises, à tous les entrepreneurs. » Cette nouvelle offre de service s’inspire des tiers-lieux, ni domicile ni lieu de travail, dont le sociologue Ray Oldenburg a théorisé l’importance dans la vie civique. Librairies, cafés, halls de musées, ces lieux intermédiaires ont été colonisés ces dernières années par une foule de travailleurs indépendants désireux de sortir de chez eux sans pour autant opter pour des bureaux traditionnels.
Les espaces de coworking répondent à ce besoin en formalisant une offre jusqu’alors disparate. En résumé : l’ambiance détendue d’un café couplée à la garantie d’avoir une place pour s’asseoir, une imprimante et une connexion internet. Xavier Chouraqui, fondateur de Haveagooday, est responsable de l’atmosphère du site Nextdoor de la Défense, calquée sur celle du siège de Google aux États-Unis. « La nouvelles tendance au travail ce n’est plus seulement l’open space mais plutôt un Starbucks® géant dans l’entreprise. Nous avons mis en place un concept de home fooding, un cuisinier différent vient tous les jours et des animations sont mises en place pour créer de l’ambiance. » Les espaces de coworking intègrent des codes spécifiques en matière d’architecture et de design : le mobilier, la signalétique et les espaces extérieurs sont pensés pour être accueillants et intuitifs à utiliser.
Des lieux propices pour profiter du quartier d’affaires
Un nouvel espace du genre, Le Carburateur, devrait voir le jour au printemps dans le cadre du projet projet Oxygen d’aménagement de la pointe est de la Défense. Dessiné par l’architecte Stéphane Malka, Oxygen est un lieu mixte végétalisé qui associera entre autres Le Carburateur à une offre de restauration afterwork et une salle de clubbing. Le projet a été retenu par Defacto, l’établissement public gérant le quartier de la Défense. Pour Marie-Célie Guillaume, sa directrice, « le bureau descend dans l’espace public, les plages horaires se modulent, les loisirs et le travail s’entrecroisent. Il faut davantage de lieux propices invitant les utilisateurs à profiter du quartier d’affaires, même à la nuit tombée et pendant le week-end. »