COP 21 : comment les entreprises peuvent-elles s’engager ? (2/2)
Jeudi 9 avril, la société de conseil en stratégie carbone Ecoact organisait, dans la perspective de la conférence climatique de Paris de novembre 2015, une table ronde sur le thème : « Entreprises et climat : quelles innovations face à la crise ? » Nous y étions.
Développer les solutions low-tech
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de l’ONG Green Cross France et territoire : « Je suis très impressionné par les innovations low-tech réalisées dans le cadre de la transition écologique. En Amérique du Sud, par exemple, on a vu se structurer des modèles d’économie circulaire remarquables à l’échelle locale, dans des villes comme Mendoza en Argentine. Ces villes n’avaient pas de système de récupération des ordures ménagères et sont passées directement au réemploi des matériaux. Du coup, là-bas, on peut faire réparer son téléphone au coin de la rue. »
S’allier à des partenaires engagés
Sophie-Noëlle Nemo, Directrice de la Délégation à la Transition Énergétique du Groupe La Poste : « On ne peut pas tout faire tout seul. La Poste, c’est une entreprise de services : nous ne deviendrons jamais maçons ou recycleurs de papier. Nous sommes donc allés chercher des producteurs partenaires parce que nous sommes capables de générer et de promouvoir différents types d’actions en créant des filières. C’est le cas, par exemple, avec le papier à travers Recygo, la solution de recyclage pour les entreprises que nous avons créé. »
Chercher plus que le retour sur investissement
Olivier Guichardon, Directeur de la Responsabilité Sociale et Environnementale du Groupe Sequana, producteur et distributeur de papier : « Le grand enjeu environnemental de l’industrie papetière, c’est la déforestation. Nous avons donc une responsabilité en tant qu’acteur, quand bien même le secteur papetier n’est responsable que de 1% de la déforestation au niveau mondial. Chez Sequana, nous avons créé une plate-forme de traçabilité pour les fournisseurs, qui permet de communiquer toutes les informations possibles sur la nature et l’origine géographique des espèces d’arbres utilisées pour la fabrication. On a choisi de se positionner comme des précurseurs sur cette question de la traçabilité, même si le retour sur investissement est très difficile à chiffrer. Nous avons également développé un processus de production qui s’appuie sur la biomasse comme ressource renouvelable, ce qui a permis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre par sept même si le gain économique s’avère minime. »
Développer le marché du carbone
Dirk Forrister, Président et CEO de l’International Emissions Trading Association (IETA) : « Le marché des émissions de carbone est né au début des années 1990. Ses mécanismes ont été très utiles dans le cadre du programme américain de lutte contre les émissions dues aux pluies acides, initié par l’administration Bush. Le marché du carbone n’oblige pas les entreprises à s’équiper de telle ou telle technologie coûteuse pour réduire leurs émissions. Cette solution permet une grande flexibilité : peu importe la façon dont la baisse des émissions est répartie entre les entreprises ; ce qui compte, c’est de s’organiser pour atteindre un objectif collectif commun à toutes ces entreprises. Aujourd’hui, il est nécessaire de fixer des objectifs de réduction des émissions à long terme. C’est une condition de la stabilisation du prix du carbone. »
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de l’ONG Green Cross France et territoire : « L’un des grands enjeux de la COP 21 sera effectivement de fixer une valeur au prix de la tonne de carbone. Il faut des règles du jeu stables, le marché a besoin d’un signal qui permette d’instaurer un modèle économique durable. Et le premier marché impacté par cette réglementation du marché du carbone sera bien sûr celui de l’agriculture et, plus largement, de l’alimentation. »