COP 21 : comment les entreprises peuvent-elles s’engager ? (1/2)
Jeudi 9 avril, la société de conseil en stratégie carbone Ecoact organisait, dans la perspective de la conférence climatique de Paris de novembre 2015, une table ronde sur le thème : « Entreprises et climat : quelles innovations face à la crise ? » Nous y étions.
Renforcer l’engagement environnemental des entreprises
Marie-Christine Korniloff, directrice déléguée au monde économique chez WWF France : « La COP 21 est une opportunité pour que les entreprises fassent connaître leurs innovations en matière de lutte contre le changement climatique. En tant qu’ONG, notre rôle, c’est de donner une vision, d’influencer les politiques mais aussi d’aider les entreprises à mobiliser les citoyens sur ces questions. Je pense, par exemple, au programme « Réinventer la ville », que nous mettons en place avec plusieurs grandes entreprises pour démontrer qu’on peut aménager des quartiers durables et mener des opérations de terrain efficaces sur le plan écologique. L’autre grand enjeu, c’est la maîtrise de sa consommation d’énergie à domicile. Dans cette optique, nous avons collaboré avec le quartier durable « Lyon Confluence » pour expliquer aux citoyens comment peut s’organiser la mobilité durable ou le retraitement des déchets. »
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de l’ONG Green Cross France et territoire : « Il faut changer de braquet sans pour autant être doctrinal. Il ne faut pas stigmatiser les mauvais élèves : tout le monde peut avancer dans la bonne direction, le premier de la classe comme le dernier. Après, les entreprises dont l’engagement est le plus indispensable sont celles qui ont des réseaux de proximité avec les citoyens. Elles ont cette valeur inestimable du contact direct. En tout cas, il ne faut pas inventer une nouvelle économie : c’est grâce à la mutation de l’économie traditionnelle que les lignes vont bouger. »
Un intérêt écologique et économique
Marie-Christine Korniloff, directrice déléguée au monde économique chez WWF France : « Pour être efficace, le modèle doit être « gagnant-gagnant ». Les entreprises doivent pouvoir rentabiliser leurs investissements. Pour les aider à y parvenir, nous avons mis au point une méthodologie qui leur permet de mesurer précisément la voie à suivre pour limiter leurs émissions et valoriser leurs bonnes pratiques. Cela dit, nous n’accompagnons pas une entreprise si celle-ci se limite à quelques actions superficielles. Du coup, je leur dis plus souvent « non » que « oui » quand il s’agit de les accompagner dans une telle démarche. »
Les leviers d’action contre le péril climatique
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de l’ONG Green Cross France et territoire : « Aujourd’hui, le consommateur demande du sens. Le premier levier d’action pour les entreprises, c’est donc la transparence. Regardez Toyota : avec la Prius, ils ont fait le choix de proposer le premier véhicule hybride d’une longue série, en disant aux consommateurs : « On va tester et apprendre avec vous ». D’ailleurs, seule la deuxième génération de Prius s’est avérée rentable. C’était un vrai pari ! »
« Une grande entreprise comme La Poste avait besoin de réduire le plus possible ses émissions de CO2 et de compenser intégralement celles qui sont inévitables. Nous avons fait le choix de nous engager auprès de différents acteurs pour conduire la transition énergétique. Nous avons lancé des actions dans quatre grands domaines. D’abord, la rénovation des bâtiments, avec des facteurs et des guichetiers qui sont là pour accueillir celles et ceux qui souhaitent s’engager dans la réduction de leurs émissions. Deuxième champ d’action, le management de l’énergie : nous avons réduit l’empreinte énergétique de nos 12 000 bâtiments tertiaires, et aujourd’hui on conseille des entreprises qui ont des parcs immobiliers plus modestes. Troisième priorité : le développement des mobilités douces. Nous sommes la première entreprise au monde à s’être équipée d’une importante flotte de véhicules électriques et nous avons fait un travail pour mieux accompagner les nouvelles mobilités des salariés. Enfin, nous avons choisi de nous engager dans l’économie circulaire. Cela passe notamment par la collecte des recyclats et leur réinjection dans le circuit de transformation. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que la technologie ne doit pas être un prérequis pour s’engager dans la lutte contre le changement climatique. On peut tout à fait innover par les usages. »
Proposer des solutions pour les citoyens
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de l’ONG Green Cross France et territoire : « Il ne faut jamais oublier qu’au final, on s’engage pour les citoyens. Quand on travaille sur le prix de la tonne de carbone, il faut que le boulanger du coin puisse en tenir compte dans son travail quotidien autant que la multinationale de l’énergie. Et ce pour une raison très simple : à terme, la baisse des émissions se fera au niveau du « diffus » et non au niveau du « concentré ».
Lire la suite de l’article COP 21 : comment les entreprises peuvent-elles s’engager ?