Convivialité et circuit court : le supermarché de demain ?

5 Mar 2015

Du petit producteur au client responsable, qui seront les grands acteurs du supermarché de demain ? Et si l’inspirateur premier des changements de paradigmes qui interviennent dans ce domaine, était incarné par le consommateur lui-même ?

Dans un précédent billet, nous passions en revue différentes tendances annonçant la petite révolution que traverse depuis quelques années le secteur de la distribution. Si les supermarchés tentent de renouveler leur modèle, qu’en est-il de la pratique des clients vis-à-vis de leur consommation quotidienne ?

Épicerie bio ; Copyright : Office de tourisme

Épicerie Bio : Terre & Nature ; Copyright : Office de tourisme

Consommer autrement, consommer éclairé

Outre les acteurs de la distribution, alimentaire notamment, qui expérimentent un certain nombre d’alternatives afin de renouveler leur offre, les clients prennent eux aussi le taureau par les cornes. C’est notamment l’essor des outils numériques qui aura facilité ce “réveil” du consommateur. Plusieurs façons de consommer autrement sont ainsi rendues possibles par les biais numériques, dont l’application mobile Buycott représente sans doute l’un des exemples les plus évidents. Développé aux Etats-Unis, le dispositif permet à quiconque possédant l’appli sur son smartphone d’opérer divers “choix” de consommation non négligeables. Que vous soyez sensible aux droits des travailleurs ou au respect de l’environnement, cet assistant de l’acheteur “plus responsable” (ou plus concerné) vous permet de consommer en toute connaissance de cause, en scannant les code-barres grâce à votre smartphone. Essentiellement constituée de marchandises américaines, la base de données de l’application n’a cependant pas encore les moyens nécessaires pour renouveler le commerce à la française. Mais il suffirait qu’une start-up locale se penche sur la question, pour que l’idée germe chez nous…

Ferme de la Noue ; Copyright : Pierre Vendrin

Ferme de la Noue ; Copyright : Pierre Vendrin

Plus célèbre, une autre solution fait vibrer le coeur des consommateurs alternatifs depuis un certain temps : la plateforme de “La Ruche qui dit oui”, bien évidemment. Vous aurez sûrement déjà entendu parler de ce réseau de distribution en circuit court qui, depuis plus de trois ans, essaime le territoire français de ses ruches pleines de fraîcheur. En quelques mots, voici comment le service se présente : “La Ruche qui dit Oui! est un service web qui donne des ailes aux circuits courts. La plateforme de vente en ligne favorise les échanges directs entre producteurs locaux et communautés de consommateurs qui se retrouvent régulièrement lors de véritables marchés éphémères.”L’offre est plutôt simple et louable : mettre en contact petits producteurs et acheteurs désireux de manger local, frais ou bio via une plateforme d’e-commerce. En octobre 2014, 627 ruches avaient vues le jour (en trois ans, donc), tout ceci à l’aide de plus de 4000 producteurs actifs et de quasi 102 000 membres. Du producteur au consommateur il n’y a donc qu’un pas lorsque, ensemble, ils créent un réseau de distribution aussi efficace. Preuve en tout cas que le système séduit et fonctionne !

Le supermarché de demain : en circuit court et coopératif ?

Au-delà de ces systèmes de production-distribution-consommation vraiment particuliers – parce qu’ils s’éloignent finalement assez du modèle classique du supermarché -, des lieux tentant de renouveler la supérette du coin ouvrent ici et là dans l’hexagone. Au croisement parfait entre “La Ruche qui dit oui !” et le supermarché ordinaire, se lançait à l’hiver dernier une formule tout à fait inédite aux alentours de Lille. Situé à à Wambrechies, le magasin « Talents de fermes » regroupe ainsi les produits de vingt-quatre exploitants agricoles. Le système permet alors aux petits producteurs de la région de vendre directement leurs récoltes et fabrications, tandis que les clients sont ravis d’acheter frais et local tout en aidant le maintien des 13 fermes actives. Ce type d’initiative possède ainsi divers avantages pour le producteur et le consommateur : soutenir les petits exploitants, respecter l’environnement ou encore mieux manger. Mais ce n’est pas tout. Si le modèle des supermarchés est aujourd’hui remis en question par ces différents projets, c’est aussi pour d’autres raisons. L’argument économique ou les conditions de travail peuvent aussi peser sur la balance, et c’est là que l’association “Les Amis de la Louve” entre en jeu. Cette année, pourrait en effet ouvrir “le premier supermarché collaboratif” français, dans le 18ème arrondissement de Paris. Initiée en 2014, une collecte de fonds d’un montant de 150 000 euros – à 80% complétée – était lancée sur internet pour le financement de “la Louve” : “Imaginé par Tom Boothe et Brian Horihan, deux Américains à Paris, le projet s’inspire directement d’une initiative américaine. Située à Brooklyn, la Park Slope Food Coop réunit actuellement 16 000 adhérents qui, en échange d’une participation bénévole d’environ 3 heures par mois, peuvent faire leurs courses à des prix très réduits, voire même gratuitement. “ Le pitch est innovant et pour le moins séduisant ! Alors, on le tente vraiment, ce supermarché révolutionnaire ?

L’épicerie de quartier, nouvelle utopie ?

Toutes ces actions cherchent  à renouveler nos manières de consommer, que ce soit du point de vue de la réduction des coûts, de la requalification des produits consommables, ou encore d’une gestion plus respectueuse de l’environnement. Par bien des aspects, l’idéal à atteindre semble s’inspirer d’un modèle que l’on connaît bien : celui du petit commerce de quartier. Ainsi, les consommateurs se détachent petit à petit du supermarché impersonnel et froid, pour se tourner vers une formule plus chaleureuse et plus personnalisable, que cela se traduise par des horaires de travail à l’amiable ou par la possibilité de mieux choisir l’origine et le traitement des denrées acquises.

Crèmerie chaude : Copyright : Pierre J

Crèmerie chaude ; Copyright : Pierre J

En Alsace, près de Mulhouse, se créait ainsi en décembre dernier un lieu hybride qui semble faire la synthèse d’une bonne partie des aspirations du consommateur moderne sus-décrit… Conceptualisée à l’origine par une bande d’amis, cette nouvelle enseigne porte diverses casquettes, toutes plus conviviales les unes que les autres puisqu’elle se définit comme étant un “resto-épicerie-café-théâtre bio et local” : “Nous voulions créer un lieu intergénérationnel en sauvegardant le patrimoine ouvrier. Un lieu pour faire du lien social autour de la bonne bouffe et des activités culturelles.”Et si les supermarchés devenaient des véritables lieux de rencontre et de partage ? La tendance semble en tout cas se propager comme une bonne vague de fraîcheur. Si les actions concrètes restent relativement isolées sur le territoire, et fait réfléchir les grandes enseignes. Que l’on tente de réintroduire les “légumes moches” dans nos bacs à légumes pour lutter contre le gaspillage, ou que l’on tente par tous les moyens d’insérer de la “proximité” dans le retail, la mutation du supermarché traditionnel suit visiblement son cours !

Pour aller plus loin :

Lire la première partie : Supermarchés : la révolution est en marche ! (1/2)

{pop-up} urbain
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Vos réactions

Marinethica
9 mars 2015

Une start-up française essaye déjà de remplir le rôle de Buycott, c’est noteo.info

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