Comment répondre durablement au défi de l’urbanisation exponentielle des territoires ?
En 2014, 50 % de la population vit en ville, soit 3,5 milliards d’urbains sur Terre. Les projections démographiques prévoient une hausse de 70 %, soit 2,5 milliards d’urbains supplémentaires qui vont vivre, se loger, se déplacer, travailler sur un territoire dont la surface est, elle, constante… Comment gérer cet afflux de population urbaine tout en intégrant les questions du bien-vivre et de l’empreinte environnementale ?
Les territoires sont aujourd’hui confrontés à la question d’une double extension rapide, démographique et spatiale, dans un contexte de nécessaire durabilité des villes qu’ils hébergent.
Les écoquartiers –ou quartiers durables- ont pour objectif de prendre en compte cette extension territoriale tout en diminuant leur empreinte environnementale et en intégrant le lien social.
La question se pose alors de l’indispensable connexion entre le territoire existant et ces nouveaux quartiers : en effet, l’objectif n’est pas d’accoler des ‘ghettos sociétalement et environnementalement dorés’ à des quartiers vieillissants mais pour autant porteurs de l’histoire même du territoire, mais bien de développer une approche systémique du territoire, en ancrant et connectant ces nouveaux quartiers dans un système existant.
Plusieurs natures de connexion peuvent être envisagées selon l’histoire et la nature du territoire.
Connexion énergétique et numérique
A Issy-les-Moulineaux, la ville a décidé en 2012 de connecter le nouveau quartier du Fort d’Issy au quartier d’Affaires Seine-Ouest, à plusieurs kilomètres de là, au sein du 1er réseau d’énergie intelligent à l’échelle d’un quartier (smart grid), Issy-Grid® : au terme du déploiement total, la mutualisation des ressources entre les bureaux de Seine-Ouest, les 1623 logements du quartier et les équipements publics (éclairage) permettra à l’ensemble des parties prenantes de réaliser des économies significatives, de contribuer à l’équilibre général du réseau tout en réduisant ses empreintes carbone et environnementale.
Connexion sociale et environnementale
Dans le cadre de sa démarche Bordeaux 2030, la ville de Bordeaux est en plein essor afin d’accueillir 100 000 nouveaux habitants à horizon 2030. De ce dynamisme territorial fort est né en 2010 Ginko , l’écoquartier des berges du Lac, au Nord de Bordeaux : 6000 habitants dans 2200 logements, des équipements publics, des commerces et des bureaux.
Deux axes essentiels de développement ont été intégrés dans ce projet.
Tout d’abord la question du lien social, et ce, à double titre : à l’intérieur même du quartier entre 6000 personnes, ayant à construire une vie de quartier en 5 ans, mais également entre le nouveau quartier et le territoire existant, en particulier le quartier des Aubiers, réalisation des années 70. Ainsi l’embauche d’habitants des Aubiers sur le chantier de Ginko (gardiennage, restauration), la plantation d’arbres par les enfants de l’école des Aubiers dans le parc assurant la jonction, ou encore un concours de street-art sur les palissades du chantier ont participé à l’intégration progressive du nouveau quartier.
En parallèle, l’environnement a également été un enjeu fort de maillage avec le territoire d’accueil, par la construction d’un parc de 4,5 hectares permettant une jonction spatiale fluide entre Ginko et les Aubiers, mais également par le développement des mobilités douces : la ligne de tramway a été prolongée afin de connecter Ginko avec le réseau urbain bordelais, tout en diminuant fortement son empreinte carbone.
Ainsi, tout est fait pour que Ginko soit pleinement intégré dans son territoire d’accueil.
Ainsi, nos villes sont des écosystèmes en développement permanent, qui, pour s’inscrire dans la durée, doivent mailler entre eux nouveaux quartiers et territoires existants, pour en faire de vrais espaces de vie, durables et désirables.
Un article rédigé par Christelle Capdupuy, Directrice Développement durable de Bouygues Immobilier, pour le blog Mobilité Durable