Comment les villes se préparent à la valorisation des biodéchets ?

Alena Paulus sur Getty Images
7 Juin 2023 | Lecture 3 minutes

Le tri à la source des biodéchets sera obligatoire pour les entreprises et les particuliers à partir de l’année prochaine, ce qui va obliger les collectivités à mettre en place des mesures pour faciliter ce nouveau geste : mise à disposition de composteurs publics, travail avec des associations où des startups de l’économie circulaire mais aussi création de boucles de valorisation à l’échelle territoriale : zoom sur des exemples de solutions qui sont actuellement testées par plusieurs villes françaises.

L’année 2023 devrait être déterminante pour s’orienter vers le tri à la source des biodéchets. Actuellement, tous les producteurs de biodéchets produisant plus de 5 tonnes par an sont concernés par cette obligation de tri. Mais au 31 décembre de cette année, l’obligation du tri à la source va s’étendre à tous les producteurs de biodéchets : aussi bien les entreprises que les ménages et les collectivités. Tous les acteurs privés et publics vont donc devoir s’organiser afin de proposer à leurs habitants une solution de proximité pour trier leurs déchets organiques.

En France, nous produisons collectivement 12 millions de tonnes de biodéchets chaque année. Épluchures, restes alimentaires ou encore invendus représentent ainsi un tiers du volume de nos poubelles. Depuis des années, ces déchets finissent à l’enfouissement ou à l’incinération et sont responsables d’émissions de gaz à effet de serre alors qu’ils peuvent être valorisés assez facilement de deux manières : en compost, pour fertiliser les jardins et les champs ; en biométhane pour remplacer le gaz fossile.

Mais pour les territoires, ce changement de comportement dans la gestion des déchets alimentaires nécessite aussi quelques ajustements. Fort heureusement, cela fait déjà quelques années que des entreprises se spécialisent sur le sujet pour aider les collectivités à franchir le pas.

le compost, excellent fertilisant pour les cultures, s’obtient grâce aux biodéchets © DLG Images sur Getty Images

le compost, excellent fertilisant pour les cultures, s’obtient grâce aux biodéchets © DLG Images sur Getty Images

Travailler avec des associations et startups

De nombreuses villes commencent aussi à s’équiper de composteurs publics et partagés pour faciliter le tri et la collecte de ces déchets et mettre en place des circuits de valorisation avec des entreprises spécialisées. Un créneau porteur d’autant que de plus en plus de structures spécialisées sur le sujet voient le jour ces dernières années.

Ils s’appellent Bicycompost, Ouivalo, Les Détritivores ou encore les Alchimistes. Depuis quelques années de nombreuses startups de l’économie circulaire ont décidé de prendre à bras le corps le sujet de la valorisation des biodéchets. Ces entreprises s’adressent généralement aux collectivités locales ainsi qu’aux entreprises afin de réaliser des collectes de déchets alimentaires, le plus souvent à vélo, afin de transformer ensuite en compost cette matière organique et pouvoir la commercialiser auprès des jardiniers et agriculteurs locaux.

Généralement, ces entreprises sont implantées localement mais depuis quelques mois, on voit apparaître des acteurs de plus en plus structurés afin d’aider les territoires à “passer à l’échelle” sur ce sujet complexe. Déjà implantée à Paris, Lyon, Nantes, Lille, Toulouse, Angers ou Aix-en-Provence, c’est par exemple le cas de la startup Les Alchimistes, qui envisage de développer des solutions de compostage sur 30 territoires de plus de 200 000 habitants d’ici 2027.

La valorisation de ces déchets en compost n’est évidemment pas la seule façon de procéder et d’autres entreprises proposent également aux territoires des services de collecte et valorisation de biodéchets, mais cette fois-ci afin de produire du gaz vert (ou biométhane). Le pionnier sur ce créneau s’appelle Moulinot. Depuis sa création en 2013, la startup a permis la valorisation de 58 000 tonnes de biodéchets et travaille avec des acteurs de renom, comme par exemple le palais de l’Élysée. C’est aussi ce que propose Hector le Collector, une entreprise basée près de Toulouse.

Chaque année, des milliers de tonnes de déchets alimentaires proviennent des cantines et restaurants d’entreprise © Imagesines sur Getty Images

Chaque année, des milliers de tonnes de déchets alimentaires proviennent des cantines et restaurants d’entreprise © Imagesines sur Getty Images

Créer des boucles locales vertueuses

En plus de travailler avec des acteurs locaux et de faciliter le tri et la collecte des déchets, il existe aussi des exemples de territoires qui entreprennent de créer des boucles de valorisation locales pour la valorisation de ces déchets. C’est par exemple le cas de la métropole Nantaise.

Ainsi, afin d’anticiper la mise en application de la loi, GRDF, de l’Assiette au Champs et la startup Les Alchimistes sont en train d’expérimenter à Nantes un concept innovant de valorisation des biodéchets issus des cantines des lycées. En effet, pour une cantine nourrissant 500 lycéens, on estime que 7 tonnes de biodéchets sont générées chaque année. Un volume conséquent à l’échelle des 3 750 lycées français.

L’idée de la ville de Nantes a donc été de solliciter des partenaires locaux pour la collecte et la valorisation de ces biodéchets afin de créer un circuit économique pérenne. Ainsi, environ 50% des biodéchets sont récupérés par la startup Les Alchimistes, qui va les transformer en compost destiné aux maraîchers installés aux environs de Nantes et qui fournissent les cantines de la Métropole. Les 50% restants sont fléchés vers une unité de méthanisation locale pour produire à la fois du biogaz injecté dans le réseau de distribution de gaz qui alimente les lycées pour leurs besoins en cuisson et chauffage. En effet, la majorité des lycées de la région Pays de la Loire ont une part de gaz vert dans leur contrat de fourniture de gaz.

Ce type de collaboration a également été testé par la ville de Nantes pour son Marché d’Intérêt National (MIN), qui est le second plus gros marché d’intérêt national de France derrière celui de Rungis. Cela fait maintenant 3 ans qu’il travaille à la méthanisation de ses biodéchets, en partenariat avec Veolia. Ce sont ainsi 568 tonnes de déchets alimentaires qui sont triées sur place puis valorisées chaque mois par méthanisation dans des installations locales.

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