Comment le biomimétisme inspire la ville de demain ?
La nature est un réservoir à innovation, une bibliothèque et un labo de R&D qui inspire les hommes depuis la nuit des temps. En découle aujourd’hui une pratique – le biomimétisme – qui s’inspire des solutions naturelles pour en transposer les principes et les processus en matière d’ingénierie humaine. Ce qui en fait une opportunité inédite pour repenser les Villes de demain.
Les villes d’aujourd’hui font face à de nombreux défis si elles souhaitent devenir les villes de demain. C’est particulièrement vrai sur deux aspects : d’abord, ne pas nuire. Ce qui nous amène évidemment à repenser nos activités (construction, mobilité, alimentation, énergie) de manière durable et respectueuse de l’environnement. Ensuite, autant que possible, la ville de demain devra fournir aux écosystèmes des services similaires aux espaces naturels qu’elle remplace, en particulier sur la qualité de l’air, de l’eau et sur la protection et l’accueil de la biodiversité.
C’est à ce niveau que les démarches bioinspirées deviennent essentielles pour nous accompagner dans notre fabrique de la ville de demain. L’utilisation du biomimétisme n’est d’ailleurs pas une pratique nouvelle. Il existe de nombreux exemples, en particulier dans le domaine de l’industrie. C’est le cas par exemple du Shinkansen, ce fameux TGV japonais dont la forme est directement inspirée du bec des martins-pêcheurs. C’est aussi le cas des bandes velcro, qui imite le fonctionnement d’une plante, la bardane.
Et même en matière d’architecture, l’Eastgate Building, construit en 1996 au Zimbabwe en s’inspirant de la climatisation naturelle des termitières est un bon exemple de ce que la ville peut emprunter à la nature. Il consomme en moyenne 90% d’énergie en moins que les autres bâtiments de la ville d’Harare, où ce centre commercial est installé.
Qu’est-ce qu’une ville bioinspirée ?
Les différents services que peuvent apporter un écosystème sont classés en 4 catégories : des services d’approvisionnement (nourriture, eau, matières premières, énergies, données) ; des services de régulation (climatisation, purification de l’eau ou de l’air, décomposition des déchets, etc.) ; des services de support (permettre la croissance, la reproduction, l’organisation et la protection) ainsi que des services culturels.
Penser le développement de la ville par l’angle du biomimétisme consiste donc à créer, rénover ou remodeler nos infrastructures de façon à ce qu’elles proposent ces différents services. Il s’agit donc de repenser nos bâtiments, mais aussi nos routes et flux de transport, nos manières de créer de l’énergie, de penser la production alimentaire, le partage des données, la culture, la médecine, etc.
Cette approche est notamment présente aujourd’hui dans la création des futurs bâtiments. L’un des pionniers en la matière fut d’ailleurs Antonio GAUDI, qui s’est inspiré de la structure des arbres pour créer la Sagrada Familia. Depuis, de nombreux bâtiments et normes tournent autour de cette création de service écosystémique. En particulier dans la capacité des nouveaux bâtiments à créer leur propre énergie, récupérer et purifier l’eau ou encore permettre la production d’aliments.
Quelques exemples de bâtiments bioinspirés
En France, il existe ainsi des exemples de bâtiments à énergie positive qui fonctionnent de cette matière, à l’image du Hangar 108, le nouveau siège de la métropole de Rouen. À l’international, c’est par exemple le cas du Bullit Center, à Seattle, qui consomme sept fois moins d’énergie qu’un bâtiment classique.
Entres autres exemples, on peut citer, en Nouvelle-Zélande, le Te Kura Whare. Un bâtiment qui est conçu autour de la problématique de l’eau. Il permet de collecter et de traiter les eaux de pluie sur le toit à l’aide d’un filtre UV. Un système qui fournit ainsi toute l’eau potable nécessaire au bâtiment.
La tour Hy-Fi est un autre exemple de ce que la nature peut nous apporter : une structure constituée de 10.000 briques biodégradables réalisées grâce à un matériau de construction innovant issu d’une culture de champignons cultivés pour s’adapter à un moule en forme de brique.
Au-delà de ces structures esthétiques, la conception d’une ville bioinspirée s’attache aussi beaucoup à la notion de service rendu à la nature et aux écosystèmes. À ce sujet, de nombreuses tendances sont à explorer : des bâtiments nourriciers, des bâtiments fabriqués à partir de matériaux biosourcés produits localement, des espaces qui accueillent la nature en ville – à la fois pour la biodiversité – mais aussi pour réduire les perturbations climatiques entrainées par l’artificialisation des sols (îlots de chaleur, inondations).