Comment favoriser les circuits courts en ville ?
Bio, local, équitable. En matière d’alimentation nous sommes de plus en plus exigeants face à ce que nous consommons. Et les différentes crises sanitaires que nos pays traversent ne vont pas inverser la tendance. Par exemple, en 2019 ce sont 9 Français sur 10 qui ont déclaré avoir mangé bio, les trois-quarts d’entre eux en consomment même de façon régulière. Mais face à la diversité des offres incitant au mieux manger, difficile parfois pour le consommateur de s’y retrouver. Parmi les alternatives à la distribution traditionnelle, le circuit court semble moins bien compris. De plus, la transposition d’un tel modèle en milieu urbain n’est pas toujours aisée. Alors comment favoriser les circuits courts en ville ?
Une notion un peu floue et contraignante
Si le terme de circuit court est entendu régulièrement, difficile de comprendre ce qu’il renferme réellement. Car, une fois n’est pas coutume, la langue française joue avec les faux amis. Pour beaucoup de consommateur, l’adjectif « court » renvoie à une notion de distance. Le circuit court est donc assimilé au local. Erreur ! « Court » ici désigne un nombre d’intermédiaires réduits. Le circuit court c’est donc un système de distribution de vente directe du producteur au consommateur ou de vente indirecte mais avec seulement un intermédiaire. Mais force est de constater qu’aujourd’hui ce mode de consommation est peu visible en milieu urbain. En Pays de la Loire, seuls 6 à 7% des achats sont effectués en circuit court alors même que l’on y recense 38% de locavores. Il faut également noter que la plupart des circuits courts impliquent un mode de distribution contraignant : les horaires sont moins souples que celles des supermarchés et les lieux d’implantation des réseaux de distribution sont parfois éloignés des centres urbains. Alors comment favoriser ce mode de distribution dans nos villes marquées par la notion d’immédiateté et de rapidité ?
Le circuit court : un indispensable pour une ville durable et résiliente
Le bien manger est aujourd’hui devenu plus qu’un enjeu individuel : c’est un véritable enjeu urbain. Trouver des solutions d’approvisionnement durables est un défi de taille pour les villes. Tout l’intérêt réside dans le fait de concilier les approches courtes et locales. Ainsi, on favorise la consommation et la redistribution à l’échelle d’un territoire, on diminue notre dépendance alimentaire et surtout on réduit son impact écologique. Il s’agit, en effet, de repenser toute la notion de circuit, et donc d’approvisionnement. Mutualiser les transports de marchandises (du producteur vers le lieu de distribution) semble être une solution à envisager. Car chaque petite camionnette pollue plus que le déplacement d’un seul 38 tonnes. D’autre part, l’accès à ces circuits courts doit lui aussi être repensé en terme de déplacement des usagers : 40 % des émissions de gaz à effet de serre dues au transport de produits alimentaires concernent le trajet entre le lieu d’habitation ou de travail du consommateur et sa zone de chalandise. On pourrait ainsi envisager de se greffer sur les transports existants plutôt que de générer de nouveaux déplacements. Le circuit court semble donc être un indispensable pour la ville de demain en l’adaptant aux exigences des modes urbains.
Un circuit court plus flexible dans une ville en mouvement
C’est justement à ces particularités de l’adaptabilité des circuits courts aux modes de vie urbains que Felix Lahaye, étudiant en deuxième année de cycle master à L’École de design Nantes Atlantique, a souhaité s’attaquer pour son Projet de Fin d’Études. « J’ai cherché à comprendre comment rendre plus flexible l’usage des circuits courts dans une ville en mouvement. J’ai ainsi créé court circuit, un service de mise en relation entre producteurs locaux et enseignes de distribution de proximité ». Ce nouveau conteneur urbain passerait par les réseaux de transports existants de la ville, notamment les tramways, et serait ainsi un véritable tremplin pour une adoption plus massive des circuits courts en ville. De quoi montrer que circuit court et mode de ville ne sont pas incompatibles.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique