C’est l’heure de revaloriser la pelouse
Qui mieux qu’une pelouse verte et bien tondue pour habiller une résidence ou pour délimiter un parking ? En France des millions de mètres carrés de pelouse ont été aménagés un peu par défaut, sans grande ambition de biodiversité. Filiale de la Caisse des dépôts, CDC Biodiversité s’est spécialisé dans la renaturation de ces espaces verts « sans vie ».
Comme chaque mois, plongez dans le futur de la ville avec notre série “Habiter 2035”, où l’on vous dresse des scénarios possibles pour la prochaine décennie. Retenez votre souffle, immersion dans 3, 2, 1…
Insectes en présentiel
A quatre pattes et le nez dans les hautes herbes, Pascal a l’air d’un désoeuvré. Tout concentré qu’il est, il n’entend même pas les ricanements sonores de ses collègues qui rentrent de leur pause déjeuner. Il n’a d’yeux que pour la petite merveille qui se tient devant lui. C’est un lamprodila decipiens, aussi appelé Richard boule-à-facettes, une espèce de coléoptère très rare en Île-de-France, reconnaissable à son magnifique dos vert émeraude tacheté de noir. Parmi les dizaines d’hypothèses qui fusent dans son cerveau, il sait que celle des saules est la plus probable. Deux ans plus tôt, la pelouse qui encadrait l’immeuble où il travaille a été réaménagée pour recréer une continuité écologique avec la rivière voisine. Celle-ci est bordée de saules qui sont connus pour servir de refuge aux Richards boule-à-facettes. Appliqué à prendre la bête en photo sous tous les angles, Pascal trépigne déjà à l’idée d’en parler à ses copains entomologistes…
Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.
Les espaces verts en ville ont longtemps été abordés par le prisme d’une nature maîtrisée et lisse : les haies sont taillées au cordeau, les pelouses tondues et les mauvaises herbes traitées par des produits phytosanitaires, les parkings sont goudronnés et dimensionnés pour absorber les pics d’affluence, quitte à rester à moitié vide le reste de l’année. Ces contraintes laissent peu de place à la biodiversité sur les très nombreux espaces verts qui bordent les locaux d’entreprises ou les parkings de supermarché.
La CDC Biodiversité est spécialisée dans la conception et la mise en place d’actions concrètes de restauration et préservation de la biodiversité. Parmi ses offres d’accompagnement et de conseil en écologie, cette filiale de la Caisse des Dépôts justement a développé le Contrat de Performance Biodiversité. « C’est un engagement à 5-10 ans : sur la base d’un diagnostic et d’une enveloppe budgétaire donnée, on voit quelles mesures peuvent être prises pour restaurer les espaces verts » explique Jean-Christophe Benoit, directeur du développement territorial chez la CDC Biodiversité.
Nature à la demande
Pour restaurer ces espaces, l’entreprise utilise un catalogue : en fonction du lieu, de ses contraintes, des espèces en présence ou des trames vertes et bleues voisines, un type d’aménagement adapté peut être choisi. Une gestion sobre et différenciée est ensuite mise en place. C’est-à-dire que les interventions humaines seront minimisées et limitées à certaines zones fréquentées, quand les zones excentrées resteront sauvages. Cette méthode favorise le développement de la faune et de la flore. « L’idée date de 2015, raconte Jean-Christophe Benoit. On s’interrogeait sur savoir comment améliorer la biodiversité en milieu urbain, on cherchait des supports potentiels de biodiversité mais qui n’ont pas forcément été conçus pour.» La première expérimentation a lieu en 2015 sur la résidence des Folies à Choisy-le-Roi. D’autres projets ont été lancés depuis comme celui du parc des portes de Paris avec Icade à Aubervilliers.