C’est beau une ville la nuit
La nuit, n’est nuit que pour nous, ce sont nos yeux qui sont obscurs
Avec la fin (annoncée) du couvre feu, la question résonne dans l’actualité. Comment pourrions-nous réapprendre à découvrir la ville la nuit ? Si éclairer la ville la nuit semble une évidence, ne faudrait-il pas entamer, comme le souligne Nicolas Houël, docteur en urbanisme et en aménagement de l’espace nocturne, à l’occasion d’un atelier à L’École de design Nantes Atlantique, une “pédagogie de la sobriété lumineuse ?” Faut-il tout éclairer, de la même façon, au même moment ? Au vu des enjeux de biodiversité ou des économies d’énergie, rien n’est moins sûr. Faut-il pour autant tout éteindre ?
Une pédagogie de la sobriété pour éviter un black out
Il est peut-être tentant d’éteindre quelques rues moins passantes à certaines heures de la nuit ? Quelles seraient dès lors les conséquences sociales pour ces quartiers ? La “solution”, qui apparaît comme évidente, est porteuse de lourdes inégalités. La sobriété lumineuse, c’est éclairer ce qu’il faut au bon endroit, souligne Nicolas Houël. Ce n’est peut-être pas laisser les enseignes allumées la nuit, les publicités, les lampadaires éclairer le ciel ou des façades d’immeubles. Mais plus que tout, c’est aussi une occasion de se réapproprier l’environnement urbain. Alors, quels éléments pour une pédagogie de la sobriété lumineuse ? Deux propositions en particulier ont interrogé et viennent bousculer notre perception de la nuit. Et si on éteignait tout ?
Et si on éteignait tout ?
“Plus de lampadaires aux tons jaunes ennuyeux, plus d’enseignes criardes et éblouissantes, même plus de phares de voitures pour venir perturber le calme de la nuit… Seulement vous, et l’obscurité nocturne. A quoi ressembleraient nos villes ? Continueriez-vous à emprunter ces grands axes auparavant sur-éclairés ? Et si c’était l’occasion de découvrir votre ville sous un nouveau regard ?” interpellent Clio, Cécile, Théo, Martin et Hugo.
Au cœur de la ville de Nantes, nous proposons aux piétons de se réapproprier l’espace urbain, en offrant des trajectoires alternatives en rupture avec la linéarité diurne. Adieu trottoirs et grands boulevards, à vous la route et les chemins de traverse ! La quiétude de la nuit est propice à la déambulation et au rêve.
“ Ainsi, pour appuyer nos propos et s’inscrire dans l’image d’un spectre surgissant des fonds, nous avons choisi d’utiliser la peinture phosphorescente. Elle symbolise le côté fantomatique de part sa couleur et sa luminescence. C’est aussi le moyen de diminuer la consommation d’énergie en utilisant une matière qui se charge à la lumière du jour pour la retransmettre dans l’obscurité. Compte-tenu de sa durée d’éclairement qui approche les 8 heures, on peut imaginer que ce parcours éphémère est visible tout au long de la nuit et disparaît peu à peu pour laisser la place au jour qui se lève, dans une transition douce qui donne le relais à l’éveil de la ville.”
Une invitation au voyage
On peut imaginer aussi créer l’événement en fonction des phases de la Lune. Une fois par mois, offrir aux citadins l’expérience de la Lune ou de la voûte céleste dans certains chemins balisés par des matériaux se reflétant au clair de Lune ? Amandine, Léna Vincent, Clémentine Crusson et Julie proposent de redécouvrir des parcours au clair de Lune. Car c’est bien de réapprendre à voir dont il est question.
Amandine Améline, Léna Vincent, Clémentine Crusson et Julie Barbin proposent un parcours au clair de Lune pour appréhender l’environnement urbain sous un “autre jour”.