Ce que les capitales vertes de l’Europe nous apprennent des villes durables
Végétalisation de l’espace public, réduction de la place de la voiture individuelle, gestion des déchets et développement des énergies renouvelables : les capitales vertes de l’Europe préfigurent le visage des villes de demain.
En 2010, la ville de Stockholm est élue Capitale Verte de l’Europe par la Commission Européenne. Un prix qui vient récompenser la “Venise du nord” pour ses engagements vis-à-vis de l’environnement, en particulier pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, qui ont diminué de 25% depuis 1990 et qui sont inférieures de 50% à la moyenne nationale suédoise.
Pour cela, Stockholm capitalise d’abord sur son implantation géographique et son rapport à la nature : construite sur un ensemble de 14 îles, elle est la première capitale au monde à disposer d’un parc national de 27km2 en ville. Elle abrite également 7 réserves naturelles et une centaine de parcs et jardins.
Par ailleurs, les transports en commun et le vélo sont, depuis quelques années, les modes de transports privilégiés de la capitale suédoise. Un péage urbain restreint d’ailleurs l’accès au centre-ville pour les automobilistes. 80% des habitants de Stockholm utilisent donc les mobilités douces. Un report modal favorisé par des infrastructures, à l’image des 760 kilomètres de pistes cyclables que compte la métropole.
Alors, quand la commission européenne décide de récompenser les villes les plus avancées en matière de protection de l’environnement, il y a une certaine continuité historique à voir Stockholm en haut de la liste, pour cette ville qui, en 1972, a hébergé la première conférence de l’ONU sur le climat.
Depuis, Hambourg, Vitoria-Gasteiz, Nantes, Copenhague, Bristol, Ljubljana, Essen, Nimègue, Oslo, Lisbonne, Lahti et Grenoble sont venues compléter la liste. Une liste de 13 villes qui nous montrent la voie sur l’avenir durable de nos métropoles.
Vivre à moins de 300 mètres d’un espace vert
La place de la nature en ville est évidemment la première des caractéristiques communes de ces “capitales vertes”. À l’image de Stockholm, elles ont presque toutes une politique de végétalisation qui permet à chacune et chacun de vivre, en moyenne, à moins de 300 mètres d’un espace vert. C’est le cas à Nantes, qui compte 57m2 d’espaces verts par habitants et 13% de sa surface classée en zone Natura 2000 ; ou encore à Bristol avec ses 450 parcs et jardins.
Même son de cloche en Espagne du côté de Vitoria-Gasteiz. La ville basque, capitale verte en 2012, compte une “ceinture verte” de 6 grands parcs autour de la ville, soit 630 hectares de parcs et jardins reliés entre eux par 33 km de voies piétonnes et 90 km de pistes cyclables, complété par plus de 200 exploitations agricoles qui participent au développement d’une alimentation locale autour de la métropole.
En l’an 2000, l’ONU a d’ailleurs élu cette ceinture verte comme étant l’un des 100 plus grands projets menés dans le monde dans le cadre de son troisième concours international de meilleures pratiques pour améliorer l’environnement.
Et même dans des villes historiquement industrielles, la part de “vert” est systématiquement présente. À l’image de la ville d’Essen, dans la Rhur, qui a réussi à faire de sa plus grande mine de charbon un parc naturel qui s’étend sur 13 hectares.
Au-delà de la question des espaces verts, la gestion de l’eau est également une caractéristique commune de ces capitales vertes européennes. Ce qu’on retrouve par exemple à Nimègue, une ville hollandaise qui a modifié totalement son paysage en creusant un canal secondaire le long de la rivière Wahl, destiné à évacuer l’eau en cas de crue ou d’inondations. Une modification qui a aussi permis de créer un parc fluvial doté d’une île afin de proposer une aire naturelle supplémentaire à la ville.
Réduire la place de la voiture individuelle
C’est l’autre grand sujet qui relie ces capitales vertes européennes entre elles : le vélo et les mobilités douces. Parmi les villes élues par la commission européenne, on retrouve des pionniers historiques de la petite reine, dont Copenhague et Oslo.
Avec plus de 400 kilomètres de pistes cyclables, une autoroute à vélo empruntée chaque jour par plus de 12 000 cyclistes et environ 35% de déplacements quotidiens qui se font à vélo, la capitale danoise est l’une des plus avancées en Europe sur le sujet. À côté, son homologue norvégienne, Oslo, s’est fixée le pari de devenir une ville “presque sans voiture” et travaille à développer massivement les mobilités douces. Elle s’appuie ainsi sur la suppression des places de parking et la mise en place de zones piétonnes. Idem pour Bristol qui propose d’interdire la circulation des véhicules Diesel dans le centre-ville dès cette année.
En France, Nantes et Grenoble, respectivement élues capitales vertes de l’Europe 2013 et 2022 font toutes deux parties des villes françaises les mieux classées dans le palmarès des villes cyclables établi par la FUB. Nantes est également l’une des villes françaises où les transports en commun sont les plus utilisés (209 trajets par an et par habitant contre 169 pour la moyenne nationale ; la ville compte également la 3ème ligne de tramway la plus fréquentée du pays).
À Nimègue, le vélo est également l’un des piliers du développement de la ville avec 27% des trajets de moins de 7,5 km qui sont effectués par ce biais. De son côté, Ljubljana ne fait pas exception à la règle avec un centre-ville progressivement fermé aux voitures ces dernières années, à l’exception des taxis et des bus.
Énergies renouvelables et gestion des déchets
Une troisième caractéristique commune à ces 13 métropoles européennes, c’est leur rapport aux énergies renouvelables et à des logiques circulaires pour la gestion des déchets.
Bristol s’est distinguée, par exemple, par l’installation de panneaux solaires sur les bâtiments publics et par la création d’un parc éolien sur le port afin de fournir les bâtiments municipaux. En 2014, la ville a aussi monté sa propre régie de distribution de gaz et d’électricité.
À Hambourg, la ferme éolienne DanTysk produit toute l’électricité renouvelable nécessaire pour alimenter 400 000 foyers. Une ancienne décharge a été transformée en un site propre dédié à la production d’électricité. Non loin de là, un ancien bunker anti-aérien a été transformé en « bunker énergétique » bardé de panneaux solaires thermiques et photovoltaïques. Copenhague est réputée pour le parc éolien offshore de Middelgrunden, qui a longtemps été la plus grande ferme éolienne offshore du monde, et qui continue de fournir entre 3% et 4% de l’électricité totale de la ville.
Côté déchets, Ljubljana, par exemple, possède l’un des plus grands centres de traitement de déchets d’Europe qui permet de fabriquer du compost à destination des exploitants agricoles de la région ou du biocarburant pour alimenter les véhicules.
Stockholm, la première de ces capitales vertes avait aussi ouvert la voie concernant la valorisation des déchets. Là-bas, 73 % des déchets ménagers sont incinérés en vue d’une valorisation énergétique qui bénéficie à près de 70 % de la population raccordée au réseau de chauffage dont la chaleur provient des usines et de l’incinération des déchets.
Évidemment, il y a des villes tout aussi vertueuses qui ne sont pas montrées en exemple comme le sont ces villes. Mais par leurs caractéristiques, notamment leur taille, elles démontrent que la transition écologique des villes est possible et focalisent notre attention sur 4 grandes thématiques qui vont être au cœur des préoccupations des collectivités ces prochaines années