Cap sur le Japon : sélection de mobiliers urbains qui manquent à nos rues (2/2)

7 Jan 2015

Comment les rues japonaises peuvent-elles nous inspirer ? Une poignée de mobiliers inédits agrémentent les rues nippones. Et si nous piochions dans ces urbanités pour renouveler nos espaces publics et leurs usages ? Le cas des mobilités personnelles – et de leur “rangement” dans la ville – semble une piste tout à fait prometteuse.

Dans un premier volet, nous vous rapportions une partie de nos observations lointaines en termes de mobiliers urbains. Que l’on pense aux distributeurs colorés qui campent à chaque coin de rue, ou aux lockers omniprésents dont le service facilite de nombreux déplacements, les espaces publics japonais ne sont pas exempts d’astuces concrètes pour dépanner le citadin. Ces solutions, plutôt destinées aux piétons, trouvent aussi leur écho pour les personnes véhiculées. Après tout, quoi de plus encombrant qu’un vélo ou une auto quand on souhaite déambuler librement dans les rues nippones ! Morceaux choisis de parkings originaux, qui reflètent à merveille l’inventivité des mobilités japonaises.

Parking vélo - Kyoto ; Copyright : Margot Baldassi

Pancarte de parking à vélo ; Copyright : Margot Baldassi

Mobilités empilées : le cas des voitures

Au Japon, le stationnement peut prendre des formes diverses et variées, mais toujours autour d’un dénominateur commun : la raréfaction de l’espace qui régit tout l’écosystème du repos automobile. Celui-ci diffère d’un territoire à l’autre, mais le quadrillage et le partage de l’espace restent une préoccupation emblématique des terres nippones. Ainsi, dans les quartiers résidentiels, la voiture (très compacte) est généralement garée juste devant la maison. Non pas sur le trottoir, mais bel et bien sur une petite place (parfois vraiment très petite), rattachée au domicile et apparemment prévue à cet effet.

Garage - Kyoto ; Copyright : Margot Baldassi

Au Japon, bien souvent le garage remplace le jardin ; Copyright : Margot Baldassi

Si la vie est dure pour les automobiles japonaises, c’est surtout à cause de la place qu’on (ne) veut (pas) bien leur accorder. A Tokyo, le leitmotiv est clair : au diable le stationnement !

À Tokyo, lorsque l’on achète une voiture, plutôt que le design ou les performances, ce que l’on regarde souvent en premier sur un véhicule ce sont ses dimensions. Car il faut acheter une voiture que l’on pourra garer chez soi. Sinon il faudra louer une place de parking qui coûte très cher (de 100 € à 300 € par mois, voire plus, selon les quartiers de la ville). À Tokyo pas de garage ou place de parking = pas de voiture.

Dans la plupart des villes, vous trouverez donc deux sortes de parkings très courants : un espace délimité entre deux immeubles, et le parking à étages. On connaît plutôt bien le premier modèle, il constitue simplement une place semi-fermée destinée à garer une poignée de véhicules. Mais à la différence de nos contrées, le parking japonais frappe par sa récurrence, qui paraîtrait presque absurde au touriste profane ignorant les contraintes évoquées ci-avant. Sur une rue ou une avenue relativement fréquentée, on peut ainsi en croiser tous les 500 mètres !

décoration parking - Hiroshima ; Copyright : Margot Baldassi

Parking décoré à Hiroshima ; Copyright : Margot Baldassi

Mais le système de stationnement le plus curieux pour l’oeil occidental demeure le parking à étages. Souvent prostrés entre plusieurs immeubles, ces “tours de voitures” semblent servir aux habitants du coin, qui n’ont pas forcément la chance d’avoir une maison de plein pied. Voyez par vous-même :

garages étages - Hiroshima ; Copyright : Margot Baldassi

Garages à étages à Hiroshima ; Copyright : Margot Baldassi

Apparemment le concept n’est pas exclusivement nippon, puisqu’on le retrouve en Europe, par exemple à Budapest. Mais c’est indubitablement au Soleil Levant qu’il a connu ses heures de gloire, reflétant à merveille la vertigineuse densité des villes nippones. Voici un aperçu du fonctionnement de ces parkings aériens :

En raison du manque de place, les parkings rivalisent d’ingéniosité afin d’empiler les voitures les unes sur les autres. Dans ce genre de parking, sont souvent présents des employés pour vous aider à manœuvrer la voiture, avant de l’installer dans une sorte de grande roue, où elle ira se loger dans les étages. Pas question d’avoir oublié quelque chose à l’intérieur du véhicule… Il y a souvent également une sorte de plaque tournante qui fait pivoter la voiture à 180° afin qu’elle se retrouve dans la bonne position pour prendre la grande roue.” (à lire sur Vivre le Japon)

Les vélos aussi s’imbriquent !

Lorsque l’on manque de place, quoi de mieux que de se faire tout petit pour passer entre les mailles du filet ? Si la majorité des voitures japonaises ressemble déjà à des pots de yaourts roulants, on ne peut pas réduire la surface d’un véhicule jusqu’à l’infini… A défaut de compresser tous les véhicules à quatre roues comme des berlingots, l’adoption de modes de transport moins gourmands en espace, au premier rang desquels le vélo, figure au palmarès des solutions nippones.

securité parking - Kyoto ; Copyright : Margot Baldassi

Ici, la sécurité du parking repose sur la confiance de son prochain ; Copyright : Margot Baldassi

Logiquement, les espaces de garages à vélo s’avèrent particulièrement nombreux, qu’ils soient encadrés et sécurisés, ou complètement informels. Ainsi, garer son vélo à même la rue – ou du moins dans des surfaces peu fréquentées – constitue une pratique tout à fait courante au Japon. Dans les images présentées ci-dessus et ci-dessous, les véhicules ne sont pas physiquement protégés des éventuelles personnes (mal intentionnées) en quête de deux roues… En effet, le vol au Japon étant une denrée encore plus rare que la place, les politiques de sûreté sont bien souvent synonymes de confiance, tout simplement. Comme quoi, il n’y a pas que la contrainte qui permette d’inventer de précieux objets urbains !

protection divine - Kyoto : Crédits : Margot Baldassi

La protection divine est-elle plus efficace qu’un anti-vole classique ? Crédits : Margot Baldassi

Pourtant, en vous baladant ici et là dans les rues les plus densément équipées du Japon, vous tomberez sur quelques aménagements prévus pour ordonner les bicyclettes des citadins, comme ici sur une grande avenue d’Hiroshima :

rangement vélo ; Copyright : Margot Baldassi

Mobilier de rangement à vélo ; Copyright : Margot Baldassi

Et si l’infrastructure tout en verticalité fonctionne pour les automobiles, il n’y a pas de raison que les vélos n’en profitent pas… Ci-dessous, vous pouvez ainsi admirer un petit échafaudage à six places, prévu pour une sélection chanceuse de deux roues tokyoïtes.

Ainsi, le vélo est sans doute le second objet après le parapluie que vous retrouverez à peu près partout au Japon. Garées rapidement devant un konbini ou empilées par centaines dans un parking souterrain, les bicyclettes sont tellement présentes dans les vi(ll)es japonaises qu’elles méritent bien l’innovation qu’on leur consacre… Quitte à les empiler comme des briques Tétris dans les moindres recoins urbains !

Mini-parking vélo - Japon : Crédits : Margot Baldassi

Mini-parking à vélo pour des locataires heureux ; Crédits : Margot Baldassi

Si nous n’avons pas vu beaucoup de vélos pliants aux mains des japonais, le concept devrait leur plaire ! En attendant de s’y mettre, les Japonais préfèrent innover sur les parkings plutôt que sur la forme même du mode de déplacement. L’une des nouveautés qui avait notamment secoué la sphère des urbanistes en juin dernier était justement un parking souterrain automatique mis en place sur le sol japonais !

Pour aller plus loin :

{pop-up} urbain
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