Atténuer le temps perçu dans les transports en commun

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Métro, boulot, dodo. Ces trois termes sont devenus synonymes d’une routine, ils marquent l’ennui et la lenteur, le rythme immuable d’une journée trop ordinaire débutant par le passage par la case transport en commun. Aujourd’hui, un Français sur deux est un usager régulier des transports en commun, en agglomération de plus de 100 000 habitants ce chiffre monte à 70% en moyenne. Et on ne peut que s’imaginer qu’il va augmenter davantage étant donné la chasse à la voiture pratiquée par les grandes villes françaises. Mais si l’usage du transport en commun est en hausse, les conditions de voyage ne sont pas forcément meilleures et le temps passé dans ces transports peut sembler très, très long. Alors entre réalité perçue et réalité vécue, qu’en est-il vraiment ? Comment peut-on réduire ce sentiment de trop de temps passé dans les transports en commun ?

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La perception du temps dans les trajets urbains quotidiens. © Corentin Travers

Temps réel VS temps perçu

Le temps est une donnée mesurable, quantifiable et donc objective. Mais lorsque l’on évalue ce temps, sans avoir recours aux sciences, d’autres variables vont rentrer en jeu. C’est la fameuse théorie de la relativité : le temps va nous sembler plus ou moins long selon notre ressenti, nos perceptions, le confort… Et en matière de durée passée dans les transports en commun, le temps peut paraître incroyablement élastique selon nos conditions de voyage : debout, assis, avec correspondances, avec promiscuité, avec activités… Si bien que 40% des Français considèrent le temps passé dans les transports en commun pour un trajet domicile-travail comme une perte de temps. Mais alors quelle est la durée moyenne réelle de ces trajets ? Elle peut varier du simple au double selon notre lieu d’habitation : 25 minutes l’ensemble du territoire, 35 minutes en milieu urbain, 68 minutes en Île de France (pour parcourir 11 km). Les temps d’attente représentent 50% du temps de transport total et sont ceux qui sont les plus mal vécus par les usagers. Alors si on ne peut agir sur le temps réel, celui-ci étant dépendant de trop de facteurs, comment agir sur le temps perçu ?

le temps perçu dans les transports en commun dépend pour beaucoup des conditions de voyage

Le temps perçu dans les transports en commun dépend pour beaucoup des conditions de voyage

Pour une approche positive du temps passé dans les transports

Selon Michael Flamm, expert en mobilité, il existe cinq logiques de déplacement qui peuvent engendrer des comportements différents. La première est basée sur la notion de productivité. Le temps de trajet deviendrait alors une opportunité de gagner du temps, d’effectuer des tâches de la vie quotidienne ou, pourquoi pas, un temps de travail rémunéré. Est ensuite mise en avant la logique du relâchement : le temps de transport est vu comme un moyen de transition, un SAS de décompression. Il évoque également la logique de sociabilité selon laquelle le moyen de transport pourrait être un lieu de discussions, d’échanges ou de partage avec nos congénères (connus ou inconnus). Viennent ensuite les logiques d’évasion et d’émotion dans lesquelles on considérerait le transport comme générateur de sensations à travers les expériences vécues ou les paysages traversés. Tout est donc question de point de vue et cette approche plus positive du temps perçu va également dépendre des conditions matérielles, personnelles et situationnelles des usagers.

Peut-on envisager le temps passé dans les transports en commun de manière positive ?

Peut-on envisager le temps passé dans les transports en commun de manière positive ? © KF

Atténuer la perception du temps dans les transports ?

Corentin Travers, étudiant en deuxième année de cycle Master à L’École de design Nantes Atlantique, explore, pour son Projet de Fin d’Études des pistes permettant d’atténuer la perception du temps passé dans les transports en commun : « J’ai d’abord effectué des enquêtes sur le terrain en observant et en interrogeant les usagers. Il s’agissait de voir comment les personnes occupent leur temps pendant leurs trajets. J’ai ainsi pu observer que les comportements changent selon les conditions de voyage. Ainsi, plus il y a de monde plus on va avoir tendance à sortir son smartphone. À l’inverse, quand il y a peu de monde et lors de trajets courts on aura davantage tendance à s’attarder sur le paysage ». Ces constats lui ont permis d’établir des pistes de recherches permettant d’envisager le temps de transport soir comme faisant partie intégrante du temps de travail, soit comme un espace de déconnexion ou encore comme un lieu de loisirs. Ainsi, Corentin espère montrer qu’il est possible de changer notre perception du temps passé dans les transports en commun et, peut-être, inciter davantage de monde à les emprunter.

Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique

L'École de design Nantes Atlantique
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Vos réactions

Théophile
27 novembre 2018

Et du coup il propose quoi Corentin ?

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