Architecture : le meilleur de la 14ème biennale de Venise (1/2)
Du 7 juin au 23 novembre 2014, Venise accueille la 14ème biennale d’architecture. L’occasion de découvrir les dix projets les plus audacieux présentés par les pavillons nationaux.
« L’identité nationale à l’épreuve de la modernité ». Tel est le thème choisi cette année par Rem Koolhaas, le commissaire en chef de la 14ème biennale de Venise. L’architecte néerlandais a souhaité que les 65 pays participants « se demandent comment ils ont absorbé la modernité et les coups de l’histoire ». Après plusieurs éditions consacrées à l’expression contemporaine, l’édition 2014 est donc placée sous le signe du patrimoine et de l’évolution architecturale au cours des dernières décennies. Un thème qui a permis de présenter une très grande diversité de créations, tant sur la forme que sur le fond. Retour sur les dix projets les plus audacieux de cette édition 2014.
Corée : « Vue de l’œil du corbeau : la péninsule coréenne »
Conçu par l’architecte sud-coréen Minsuk Cho, de l’agence Mass Studies, le pavillon coréen a reçu le « Lion d’Or » de la 14ème Biennale d’architecture de Venise. Pour retracer l’histoire urbanistique de son pays, Cho a choisi de diviser le pavillon en quatre espaces distincts : « Reconstruire la vie », « Un État monumental », « Frontières » et « Tours utopiques ». Il a choisi de mettre l’accent sur le gigantisme et la modernisation accélérée de son pays. Le jury a distingué le projet de Cho « pour avoir réussi de manière extraordinaire à présenter un nouveau et riche corpus de connaissances sur l’architecture et l’urbanisme dans une situation politique extrêmement chargée. »
Kosovo : « Visibilité (modernité imposée) »
Gezim Pacarizi, le commissaire du pavillon kosovar, a choisi d’explorer « l’effacement de l’identité nationale » à travers une tour ronde faite de 692 planches de bois semi-circulaires appelées shkambis, typiques de l’artisanat de son pays. « La modernité est synonyme de destruction et d’esthétique étrangère, c’est pourquoi le Kosovo ne s’est jamais laissé absorber par la modernité », a déclaré le commissaire au site Deezen. Un mur présentant 360 cartes postales présentant des paysages hier et aujourd’hui complète l’édifice.
Allemagne : « Bungalow Germania »
Le pavillon allemand, d’inspiration néoclassique, abrite cette année une réplique de la Chancellerie de Bonn, conçue en 1964 par l’architecte moderniste Sep Ruf. « Ces deux bâtiments sont des expressions de la modernité à des fins politiques. Nous voulions les faire dialoguer, instaurer une conversation entre les deux sur un pied d’égalité », ont déclaré les commissaires Alex Lehnerer et Savvas Ciriacidis. « Vous en saurez plus sur moi en regardant ce bâtiment qu’en m’écoutant faire un discours politique » disait le chancelier de l’époque, Ludwig Erhard, à propos de la chancellerie de Bonn.
Russie : « Fair enough : le passé de la Russie est notre cadeau »
Cette année, les commissaires du pavillon russe ont manié l’ironie avec brio. Le Strelka Institue for Media, Architecture and Design a choisi de concevoir une parodie de salon international avec hôtesses costumées, stands aseptisés et sourires de façade. Les différents espaces valorisent le patrimoine culturel russe né de la révolution avec humour, à l’image de la fausse agence Archipelago Tour, qui propose des séjours touristiques de découvertes des hauts lieux de la diplomatie russe, ou du « Conseil russe pour le développement rétroactif », qui propose de « redonner vie à des valeurs architecturales perdues pour pallier les traumatismes urbains de la modernisation ».
Grande-Bretagne : « Jerusalem clockwork »
Un monticule de terre, des couleurs flashy, des messages écrits dans une police psychédélique… La commissaire Vicky Richardson a choisi de donner une coloration résolument pop au pavillon britannique. Le nom de l’exposition (Jerusalem Clockwork) s’inspire de la « Nouvelle Jérusalem », expression tirée d’un poème de William Blake, souvent utilisée après-guerre pour décrire l’état d’esprit des Britanniques à l’époque. La commissaire a mis l’accent sur la notion de reconstruction dans un pays marqué physiquement par la Révolution Industrielle et la Seconde Guerre mondiale.