Architecture gonflable – Habiter le souffle
Des air-houses en nylon de Frank Lloyd Wright, aux trampolines flottants sur la Seine, en passant par les bulles anti-covid, comment l’air peut devenir la matière invisible des bâtiments et des objets ? À l’occasion de l’exposition Aerodream à la Cité de l’Architecture, nous revenons sur l’influence des formes gonflables dans l’architecture.
De l’air, de la matière et de la lumière. On pourrait résumer l’architecture à ces trois éléments fondamentaux. Le curé de Montigny-lès-Cormeilles ne saurait pas dire mieux. En 1969, lassé de faire office dans un hangar, l’homme de foi fait appel à un jeune ingénieur allemand, Hans-Walter Müller. Ce dernier lui propose une solution un peu particulière : une enveloppe de plastique souple qui ressemble à un gros sac de couchage de 39 kilos. Une fois gonflée, celle-ci prend la forme d’un prisme, traversé de lumière, capable d’accueillir 200 fidèles. C’est la première église gonflable.
La décennie qui ne manque pas d’air
Au tournant des années 1960-1970, un souffle créatif un peu saugrenu s’empare de l’architecture, de l’art et du design. C’est l’air, et par ricochet, le gonflable qui agite la communauté internationale, d’Osaka à New York en passant par Milan. Les structures gonflables existent depuis la fin du XIXème siècle, on se souvient des tanks gonflables utilisés par les alliés pour tromper les avions de reconnaissance allemands pendant la deuxième Guerre mondiale. Mais c’est pendant la décennie de conquête de la Lune, du pop art et des contestations étudiantes que le gonflable prend vraiment son envol.
Initiée par le Centre Pompidou Metz, l’exposition à la Cité de l’Architecture offre un panorama riche et foisonnant de ce bouillonnement artistique assez court dans le temps. Quelques années gonflées à bloc qui s’achèvent prématurément, lorsqu’en 1973 la crise pétrolière fait grimper le coût du plastique. Il y a donc un côté kitsch à revoir les poufs en plastique fluo, des villes flottantes imaginaires et autres tubes pneumatiques façon Barbarella… Le “moment du gonflable” reste à jamais marqué par son époque. Mais en réalité, en s’y attardant, on est surpris par la persistance de certaines formes jusqu’à nos jours.
Télétravail sous cloche
On reconnaît bien-sûr les premiers bateaux pneumatiques zodiac ou les premières aires de jeux pour enfants gonflables. Plus spécifiquement, les travaux sur les dômes géodésiques de l’américain Richard Buckminster Fuller évoquent tout de suite la Géode de la Villette. On retrouve aussi le couple Christo et Jeanne-Claude qui, avant d’empaqueter l’arc de triomphe, avait empaqueté… de l’air.
D’autres inventions nous ramènent à l’actualité très récente. Les bulles individuelles ambulantes créées par l’agence d’architecture autrichienne Coop Himmelb(l)au ressemblent en tous points à celles utilisées pendant les concerts des Flaming Lips pour faire respecter les mesures sanitaires anti-covid. On découvre aussi le premier bureau mobile, ancêtre du télétravail, inventé par l’architecte et artiste Hans Hollein qui souhaite travailler où bon lui semble. L’artiste s’assoit en tailleur dans un tube en plastique transparent avec sa planche à dessin et un téléphone. Installé pour une performance sur la pelouse d’un aéroport en 1969, il fait mine de passer des appels.
La critique baudruche
Né dans les milieux artistiques d’après-guerre, le gonflable est « l’objet manifeste » des spatialistes qui réinterrogent le rapport à l’espace et tentent d’impliquer le spectateur dans l’exercice. Pour cela, des collectifs venus des quatre coins du monde utilisent les mêmes méthodes de happenings dans l’espace public. Certains sont ouvertement politiques comme les américains Ant Farm ou les italiens UFO qui paralysaient le trafic urbain grâce à de grandes baudruches lors de manifestations. D’autres interrogent les arts, les nouvelles technologies ou l’écologie. Avec son projet Desert Cloud, Graham Stevens imagine une « ferme écoénergétique, décentralisée et autosuffisante ». Il met au point un vaisseau solaire qui flotte à quelques mètres du sol et produit de l’eau par condensation.
Le gonflable devient l’outil principal d’une critique de la société. C’est le cas pour l’architecture dont les valeurs classiques sont battues en brèche. Les références stylistes sont balayées, le monumental et l’historique disparaissent. Même les principes physiques de la gravité semblent contestés. Grâce à l’air, des bâtiments sans fondations sont élevés le temps d’une après-midi. Posés au sol, flottants sur l’eau ou dans le vent, ils sont mus par une énergie à la fois invisible et organique, poétique et légère.
Utopie suspendue
Si beaucoup d’œuvres et d’événements mettent en scène le gonflable, beaucoup de travaux restent sur le papier et ne voient jamais le jour. Ils n’en irriguent pas moins l’imaginaire et l’effervescence de l’époque. C’est ainsi que des formes de villes utopiques apparaissent. Le projet Instant City du collectif Archigram par exemple trace les contours d’une ville itinérante suspendue à des dirigeables. L’architecture n’y est qu’un événement de consommation d’informations sur des écrans. Libérée de tout ancrage, réduite à des flux d’informations, elle n’a pas de forme déterminée à l’avance.
Depuis les années 2000, le retour du gonflable est porté par le développement des résines EFTE. Cette nouvelle technique d’architecture textile permet de créer des toiles synthétiques qui transmettent davantage la lumière que le verre, qui possèdent un meilleur pouvoir isolant et coûtent de 25% à 70% moins cher à installer. Peu à peu, les explorations politiques et poétiques du gonflable reprennent à la sauce contemporaine. La fin de l’exposition référence de nombreux projets de ces dernières années comme le Léviathan d’Anish Kapoor, le Serpentine Gallery Pavilion de Rem Koolhaas ou Loud Shadows, les concerts en forêt du collectif Plastique Fantastique.
De son côté, Hans-Walter Müller, s’il est relativement absent de l’exposition, a eu tout le temps de devenir une figure emblématique de l’architecture gonflable. Presque 50 ans après avoir soufflé l’église de Montigny, c’est lui qui réalise la bulle d’accueil du centre humanitaire d’accueil pour migrants ouvert à Paris en 2016.
L’exposition Aerodream – Architecture, design et structures gonflables est visible à la Cité de l’A4 mirchitecture jusqu’au 14 février 2022
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