Alternatiba, le village du changement climatique

Camp climat d'Alternatiba
24 Oct 2017

Alternatiba est un mouvement citoyen créé en 2013 suite aux prévisions pessimistes et résignées du cinquième rapport du GIEC. Son ambition est de ne plus attendre des dirigeants qu’ils s’emparent du problème climatique et de trouver des alternatives vertueuses, efficaces à l’échelle individuelle. Avec près de 25 000 personnes venues pendant deux jours au Village des Alternatives à Paris, Alternatiba compte bien devenir un mouvement de masse citoyen pour la justice climatique.

Village des alternatives à Paris

Village des alternatives à Paris Crédit : Raphaël Bodin

« Changeons le système, pas le climat »

Parmi les stands du village organisé par Alternatiba à Paris début octobre, on trouve près de 200 porteurs d’alternatives que sont venus rencontrer près de 25 000 personnes, et ce malgré le temps pluvieux. Des coopératives d’énergies renouvelables, des représentants d’AMAP, une pétition pour une monnaie locale à Paris… Autant d’initiatives silencieuses dont l’impact est réel sur le climat. L’association Alternatiba – qui signifie “alternative” en basque – n’en est pas à son premier coup d’essai. Elle crée en 2013 son premier village des alternatives à Bayonne alors que le moral des militants pour l’environnement est plutôt bas.
Considérant les accords de la COP de 2009 à Copenhague comme un échec et suite à la publication du 5ème rapport du GIEC dont les prévisions sur l’évolution du climat sont très pessimistes, la volonté est de s’emparer coûte que coûte de la question climatique. Le village des alternatives réunit ainsi des conférences, des stands d’associations mais surtout des concerts et une ambiance festive qui fédère les citoyens. « À l’époque le village est parrainé par Stéphane Hessel qui lance un appel à multiplier par 10, 100, 1 000 les villages Alternatiba » nous raconte Pauline Boyer, responsable de l’animation chez Alternatiba. Aujourd’hui 130 villages des alternatives ont été organisés en Europe.

Camp climat d'Alternatiba

Camp climat d’Alternatiba Crédit : Raphaël Bodin

Créer un mouvement de masse

« Pour construire le monde durable que l’on défend, il faut que les alternatives deviennent norme. Pour cela il faut que plus de gens utilisent ces alternatives » explique Pauline Boyer. Parmi ses succès, Alternatiba compte l’organisation d’un Tour de France à vélo de 5 600 km qui essaime pendant quatre mois les villages alternatifs sur le territoire. Une nouvelle édition se tiendra entre le 9 juin et le 6 octobre 2018. Cette tournée nationale met en lumière des bonnes pratiques à l’échelle individuelle, elle renforce et solidarise un réseau de citoyens conscients et soucieux du climat. Et pour prendre de l’ampleur, il est déterminant de constituer un réseau, un Camp Climat est initié à l’été 2017 pour former les volontaires à l’organisation d’un village des alternatives. Si le mouvement est encore majoritairement français, des villages ont eu lieu au Sénégal, à Haïti et en Grande Bretagne.
Conscient des bienfaits des alternatives citoyenne mais aussi de leurs limites, le mouvement se dédouble et crée Action Non Violente COP 21. « L’idée est de prendre conscience que toutes les alternatives sont bonnes », explique Pauline Boyer, « mais que si on continue à émettre des gaz à effets de serre, on va de toute façon cramer la planète. » ANV COP 21 se positionne sur de la résistance citoyenne et du plaidoyer contre les projets climaticides. « Nous voulons interpeler avant, pendant et après la COP 21 sur l’urgence d’un accord ambitieux et contraignant qui limite les gaz à effets de serre. »

Un stand du village des alternatives

Un stand du village des alternatives Crédit : Raphaël Bodin

« La pratique éveille la conscience »

« Quand je suis arrivé à Alternatiba ça faisait sens pour moi d’aider, c’était une bonne cause, mais je n’étais absolument pas consciente de l’urgence climatique. » Pour Pauline Boyer, la formule proposée par Alternatiba est vraiment efficace parce qu’elle allie des festivités à une véritable problématique de société. Cela crée des portes d’entrée vers une prise de conscience. « Souvent des bénévoles arrivent pour aider deux heures et finalement restent trois jours pour aider jusqu’au démontage. Ils s’amusent, rencontrent des gens et apprennent beaucoup de choses qui les incitent à s’impliquer davantage. »
C’est ainsi que la pratique éveille la conscience : « Quand un bénévole passe trois heures à éplucher des aubergines pour la cuisine sur un de nos événements, il ne fait pas qu’éplucher des légumes, il construit un mouvement de masse pour la justice climatique. Plein d’actions individuelles deviennent une action collective. »
C’est dans cette optique qu’Alternatiba met en place en mai 2017 une plateforme appelé le Grand défi des Alternatives qui aide les gens à relever un défi en rejoignant une alternative à impact fort. Parmi celles-ci, on trouve par exemple Enercoop, une coopérative qui fournit de l’énergie renouvelable, ou la NEF, qui est une banque éthique. En remplaçant simplement son fournisseur d’électricité ou sa banque classique par une de ces alternatives, on participe à faire de celles-ci des normes.

On se dit rendez-vous le 8 novembre pour la sortie du film Irrintzina sur le mouvement Alternatiba, puis en 2018 pour le tour de France à Vélo d’Alternatiba, la COP 24 et la publication du 6ème rapport du GIEC.

Usbek & Rica
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