À Wellington, le grand retour des oiseaux
En Nouvelle Zélande, les politiques de protection de la nature et de la biodiversité font revenir les oiseaux de manière spectaculaire. Peu à peu, les matins se remettent à chanter. Kiwis et perroquets font leur grand retour dans une zone sans prédateurs.
Comme chaque mois, plongez dans le futur de la ville avec notre série “Habiter 2035”, où l’on vous dresse des scénarios possibles pour la prochaine décennie. Retenez votre souffle, immersion dans 3, 2, 1 …
Sanctuaire-sur-Seine
Se glissant entre les joggeurs, Anja pousse la porte de l’enceinte anti-prédateurs et traverse le sas. De l’autre côté, elle suit le chemin puis grimpe les escaliers qui l’emmènent à l’observatoire. À chaque fois, l’ornithologue ressent le même frisson. Elle a beau être encore dans le bois de Vincennes, tout est différent. Depuis le belvédère, elle parcourt la cime des arbres du regard. Tous les chants semblent converger vers elle, c’est la cacophonie la plus grisante pour une spécialiste des oiseaux. Déjà cinq ans qu’une partie du parc a été sanctuarisée et les résultats sont spectaculaires. Les espèces d’oiseaux sont plus variées et les populations sont mieux portantes. Grâce à son maillage fin qui bloque même les souris, la clôture anti-prédateurs fait le job. On n’a jamais vu gazouiller si paisiblement en Île-de-France.
Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.
Ornitho-park
Depuis 1999, il existe un éco-sanctuaire en plein cœur de la capitale néo-zélandaise Wellington. Appelé Zealandia, il a pour objectif de rétablir une biodiversité riche et endémique dans une forêt de la ville de plus de 200 000 habitants. Ses 225 hectares (un quart du bois de Vincennes) sont entourés d’une clôture spéciale qui empêche les prédateurs des oiseaux (comme les rats, les chats et autres opossums) d’y accéder. La zone intérieure est donc un havre de paix pour les oiseaux. Le site est ouvert au public qui doit néanmoins traverser des doubles portiques pour entrer, façon Jurassic Park.
Considérée comme le premier éco-sanctuaire urbain au monde, Zealandia est une preuve magistrale du potentiel de régénération de la biodiversité et des aménagements environnementaux qui peuvent être mis en place dans une ville. Plusieurs villes ont suivi l’exemple en Nouvelle-Zélande et ailleurs.
Le retour du kiwi
Le projet a été porté par l’écologiste Jim Lynch alors que la biodiversité ornithologique était en chute libre à la fin des années 1990 et que la zone était vue comme sinistrée. Aujourd’hui, un rapport du conseil régional estime qu’en une dizaine d’années, le nombre moyen d’espèces endémiques dans les parcs et réserves de la ville a augmenté de 41%. Car, bonne nouvelle : les bienfaits dépassent l’enceinte anti-prédateurs. Le parc aurait un effet « halo » qui rayonne sur la région. Ainsi, les espèces rares ou menacées localement ont pu se stabiliser et, comble de la réussite, le kiwi a fait son retour. Emblème national néo-zélandais, l’oiseau avait disparu de la capitale depuis près de 100 ans.
Les riverains eux s’en réjouissent et prennent le relais des politiques publiques. Dans toute la ville, une cinquantaine d’associations et de collectifs se sont donné pour mission de piéger des animaux nuisibles ou de planter des arbres. Il faut juste réapprendre à vivre avec le chant des oiseaux…