A Rennes, le pop-up store se livre en 3 étapes
Faire vivre une expérience surprenante. Créer un moment différent, curieux et inoubliable qui surgit dans les rues du quotidien. Voici l’origine du concept de magasin éphémère. L’expression “pop-up store” fait aussi référence aux « fenêtres pop-up » qui s’invitent sur nos écrans d’ordinateur. Depuis la fin des années 1990, les marques se sont emparées de ce concept d’exception qui joue avec la curiosité du passant et l’aspect éphémère du lieu. Lison Marie, étudiante au City Design Lab de L’École de design Nantes Atlantique, a saisi l’opportunité unique du pop-up store comme levier pour valoriser les marques émergentes. Elle a imaginé un concept inédit de boutique pop-up clé en main qui s’immiscerait dans le paysage urbain et ferait la part belle aux jeunes créateurs de mode rennais.
Émerger du paysage urbain : un défi pour les jeunes marques de vêtements
Un espace éphémère, singulier et attirant…
Souvent perçu comme un phénomène éphémère et évènementiel dans le paysage urbain, le pop-up store offre pourtant un potentiel novateur pour les marques émergentes. La designer s’est plus particulièrement intéressée à l’industrie de la mode dans le contexte rennais. Alors que les jeunes créateurs de mode peinent à émerger d’un marché du « retail » saturé, la boutique éphémère leur offre un espace atypique qui facilite la rencontre entre jeunes marques et potentiels consommateurs.
Ainsi, la boutique éphémère permettrait aux marques émergentes de gagner en notoriété, en attractivité et en singularité.
Lison Marie explique sa démarche : « J’ai débuté par une étude approfondie des sources documentaires, suivie d’entretiens et d’une observation directe du terrain. J’ai également rencontré des consommateurs pour comprendre leurs attentes. En parallèle, j’ai effectué une étude de terrain à Rennes et observé les commerces locaux vacants pour identifier les opportunités d’implantation de pop-up stores. »
… mais des contraintes fortes pour les petites marques
Aujourd’hui, les jeunes créateurs peuvent se décourager à l’idée d’implanter un pop-up store : défis d’accessibilité, contraintes financières ou encore préoccupations écologiques. Les raisons principales sont les suivantes :
- Coûts élevés : l’investissement nécessaire à la création et à la location d’espaces temporaires peut s’avérer prohibitif.
- Charge mentale : le stress lié à l’installation et au lancement d’un pop-up store peut les dissuader de s’engager dans ce modèle.
- Contraintes écologiques : les jeunes marques doivent se conformer à des pratiques plus durables et plus respectueuses de l’environnement dans la création de leur boutique éphémère, ce qui complexifie l’opération.
- Limites promotionnelles : la communication autour de la création d’un nouveau pop-up store reste limitée et draine peu de nouveaux clients potentiels.
Dans son livre Le design pour les nuls, Fabrice Peltier explique que le designer est un intermédiaire dont l’objectif est de faciliter la compréhension des messages véhiculés par un projet. Ainsi, afin de faciliter l’expérience des pop-up stores et de réduire les démarches liées à l’implantation d’une boutique éphémère, la designer a adopté cette position de facilitatrice propre au design.
Un pop-up rennais clé en main
Afin d’investir un magasin temporaire, les créateurs doivent suivre 3 étapes nécessaires au montage du projet. En premier lieu, ils doivent se rendre sur une :
1 – E-plateforme pour fédérer les acteurs de Rennes
Le projet impliquerait 3 acteurs clés :
- Rennes Métropole, dont le but est de revitaliser la ville et dynamiser ses quartiers.
- Les propriétaires de locaux commerciaux vacants qui souhaitent optimiser l’utilisation permanente de leurs espaces.
- Les marques émergentes qui aspirent à se faire connaître auprès d’un public plus large.
Grâce à une plateforme en ligne collaborative qui serait proposée par Rennes Métropole, les propriétaires de locaux commerciaux indiqueraient le type de local commercial inoccupé dont ils disposent et ses disponibilités à la location.
Simulation d’une plateforme en ligne collaborative initiée par la Métropole ©Lison MARIE
Cette démarche collaborative ouvrirait de nouvelles perspectives de développement pour la ville et ses commerces. En retour, les marques identifieraient les espaces les plus pertinents, selon leurs budgets et leurs besoins spécifiques. Elles pourraient également choisir des mobiliers locaux et éco-conçus, en accord avec les valeurs qu’elles défendent.
2 – Le triporteur : une vitrine ambulante green pour les marques émergentes
La deuxième étape du processus impliquerait d’utiliser un triporteur destiné à déplacer le kit de mobilier réservé sur la plateforme en ligne. Proposé par Rennes Métropole, il adresserait les défis budgétaires, environnementaux et promotionnels auxquels font face les jeunes marques de mode.
- Coût : le triporteur offre une solution économique et abordable pour le transport du mobilier.
- Empreinte carbone : le projet contribue à réduire l’empreinte carbone liée au transport du mobilier, favorisant une démarche éco-consciente en accord avec les valeurs de nombreuses marques émergentes.
- Promotion et développement commercial : le triporteur constitue également une vitrine promotionnelle efficace. Le mobilier se déplace à travers la ville de manière originale et attire l’attention des passants. Ce mode de transport ancre la présence des marques sur le territoire urbain, contribuant ainsi à leur notoriété.
3- Le kit de mobilier éco-responsable
Le kit de mobilier éco-responsable, disponible sur la plateforme numérique, résulterait d’une collaboration entre l’entreprise BÂTI RÉCUP’ et La belle déchètte de Rennes. Ces 2 structures favorisent le réemploi de matériaux recyclés et éthiques.
Facilement transportable grâce au triporteur écologique, ce mobilier réduirait considérablement les coûts et le stress liés au lancement de commerces éphémères. Son processus d’assemblage méticuleux prend en compte des facteurs clés tels que : la durabilité, la facilité de réparation et d’installation, le respect d’un petit budget et la résistance aux contraintes mécaniques.
Petit bonus non négligeable : des informations gravées sur les matériaux sensibilisent les visiteurs aux pratiques écoresponsables de l’upcycling.
Une fois installé, ce kit de mobilier léger et modulaire s’adapterait aisément à tout type d’espace, offrant une présentation professionnelle et harmonieuse des collections de jeunes marques de vêtements. Celles-ci pourraient personnaliser leur mobilier, affirmer leur identité et leur style, renforçant ainsi leur image de marque auprès de clients potentiels.
En offrant un environnement propice à la découverte et à l’expérience, le Pop-up rennais inviterait les marques émergentes à se démarquer dans la jungle d’un marché ultra concurrentiel. D’autant plus que le projet comporterait plusieurs éléments vertueux en matière d’urbanisme durable : mutualisation des ressources, utilisation des ressources urbaines inexploitées, occupation de locaux vacants, démarche commerciale éco-responsable… La transformation et l’optimisation des espaces existants comptent parmi les leviers de la transition écologique et sociale des villes et des territoires. Enfin, le Pop-up rennais offrirait une expérience shopping unique et mémorable. Tel que l’avait bien compris le fondateur de la montre Swatch dans les années 1980, Nicolas Hayek il s’agit de : « faire du bruit et on dégage ! » L’idée est d’agir vite, bien et fort.