À Lyon, s’ouvre aujourd’hui une première étape d’urbanisme transitoire pour la reconversion d’une friche en centre-ville: la Cité des Halles
À Lyon, Bouygues Immobilier est propriétaire depuis 2018 de la friche industrielle Nexans, une emprise de 4 hectares dans le 7ème arrondissement, dont le développement immobilier prendra quelques années. Dans ce délai, l’équipe Lyonnaise d’UrbanEra, activité de Bouygues Immobilier qui développe des projets mixtes d’aménagement, souhaitait mettre en place différentes formes d’urbanisme temporaire qui servent le territoire et répondent aux enjeux sociaux et sociétaux.
En 2019, une première occupation temporaire a été montée sur le site, pour de l’hébergement d’urgence sur une durée de 3 ans. Cet été, c’est cette fois une démarche d’urbanisme transitoire qui prendra place sur ce site en pleine évolution, aux côtés de chantiers menés par la Métropole (collège, gymnase, espace vert et l’école de commerce EMLyon).
Dans cette démarche, le défi porté par UrbanEra est celui de la préfiguration du projet urbain : comment penser les usages avant la programmation future de cette friche de plusieurs hectares ? Maxime Cadel, responsable de Projets Urbains, nous éclaire sur l’ensemble du processus mis en place et sur le devenir de ce lieu en plein bouleversement.
L’ambition a été de travailler les propositions d’usages avec des porteurs de projets locaux. Comment cette idée est née ? Et en quoi cette pratique est-elle singulière ?
“Pour ce site, nous avons décidé de mettre à profit le temps long de la mutation urbaine pour imaginer et développer différents usages à tester avec les usagers (riverains et potentiels futurs habitants). Notre approche est particulière : la Cité des Halles est un projet pilote où nous avons fait le pari de renverser la méthodologie classique de la conception urbaine. Parce que ce sont les usagers qui font la ville, nous faisons de l’activité des pieds d’immeubles le point de départ de notre projet. Et pour concrétiser cette idée, nous avons effectivement travaillé avec les acteurs du territoire en allant à la rencontre des porteurs de projet, et ce de manière internalisée.”
Un appel à projet a été mené pour recueillir différentes suggestions et une centaine d’acteurs intéressés ont ainsi été consultés. “Nous avons fait le choix de cibler des porteurs de projet souhaitant développer un projet entrepreneurial à long terme. Il s’agit certes d’animer une friche, mais surtout de sélectionner des acteurs en mesure d’investir à terme des rez-de-chaussée commerciaux.”
Au fil des rencontres, le projet s’est construit et s’est nourri des échanges, mais aussi des synergies créées, tout en développant et affinant l’approche de long terme. “L’objectif de pérennité a été un véritable guide de nos réflexions. Cette ligne directrice reflète notre objectif initial, celui de confier aux acteurs intégrés les socles commerciaux qui seront développés dans le futur projet urbain.” Concrètement, des visites de la friche ont été organisées, chaque acteur intéressé s’est impliqué et a pu exprimer ses inspirations pour le lieu, à développer en fonction de ses possibilités, ses ambitions et ses aspirations. “Ce que nous voulions, c’était enrichir notre vision initiale avec les apports de projets entrepreneuriaux concrets sur le territoire.”
Comment se sont concrétisés les échanges avec les porteurs de projet ? Et de quelle manière s’est construite l’imbrication entre ces acteurs ?
Trois des porteurs de projets présélectionnés, qui ont montré depuis 2018 une forte motivation et avec lesquels des liens forts ont été tissés, ont été choisis pour opérer cet été l’animation et la programmation du lieu aux côtés des équipes d’UrbanEra : Sofffa, concept de slow café et d’espaces de coworking créatifs, les équipes Darwin, déjà à la commande de bars appréciés des lyonnais, et Superposition, association de promotion des cultures urbaines à Lyon.
Maxime Cadel nous partage son enthousiasme : “Ce sont trois porteurs de projets référents qui possèdent et gèrent déjà des lieux emblématiques à Lyon. Chacun des trois apporte son expertise et ses compétences, en complémentarité, ce qui va permettre l’émulation d’un lieu unique et animé. Pour nous, propriétaire et maître d’ouvrage, l’essentiel n’était pas seulement d’être en capacité de créer un nouveau lieu estival lyonnais à la mode. Nous souhaitions prendre le temps de développer des modèles innovants auxquels nous croyons, pour les mettre en valeur, les intégrer et se donner l’opportunité de potentiellement les pérenniser.”
Différentes étapes de sélection ont permis d’écarter certaines idées et porteurs de projet. Véritable phase de construction de l’écosystème, Maxime nous explique que les choix se sont portés sur les candidats qui créent la cohérence. Pour atteindre cet objectif, UrbanEra s’est inspiré des méthodes des start-ups. “Chaque acteur intéressé nous a transmis une note d’intention, complétée par un pitch entrepreneurial. Ces éléments nous ont permis d’isoler ou confirmer certains partis-pris du projet et de sélectionner des acteurs qui pouvaient concevoir des solutions cohérentes, tant avec notre identité directrice qu’avec leurs propres modèles de développement.”
Johann Milani, cofondateur de Sofffa, nous explique que ces moments d’échanges, à l’initiative de Bouygues Immobilier, ont permis de nouer des liens : “Nous nous voyons régulièrement. Peu à peu, nous avons construit nos champs d’actions et nos projets pour créer une complémentarité entre nos structures. Par exemple, dans son projet initial, Superposition avait l’idée d’un coworking et d’un bar. Or, l’association a ajusté ses ambitions pour, d’une part, confier le bar à l’équipe de Darwin, experte dans le domaine, et d’autre part, laisser le coworking à nos équipes.”
Pour le porteur de projet lyonnais, l’expérience est aussi stimulante pour les différentes perspectives offertes par le lieu, laissant la possibilité d’explorer de nouvelles possibilités par sa future occupation temporaire, mais aussi sa situation géographique avantageuse. C’est aussi la démarche qui attire puisque les porteurs de projets potentiels se rencontrent et nouent des liens. Johann Milani ajoute : “C’était une expérience enrichissante qui nous a permis de rentrer en contact avec de nombreux acteurs, autour d’une expérience fédératrice.”
Pour l’équipe Lyonnaise d’UrbanEra, ce travail n’est pas que relationnel. Comme le dit Maxime, “il consistait également à vérifier que les business model s’imbriquent, pour que chacun trouve sa place et que nous n’ayons pas de phénomène de compétition qui mettrait à mal le projet. Nous sommes heureux d’avoir abouti à des solutions communes qui rendent le projet d’ensemble plus fort.” Les complémentarités se dessinent alors et s’affinent pour proposer un projet d’occupation transitoire où la notion de test et d’ajustement, dans une logique d’itération, fait partie du chemin.
Vous faites le pari du transitoire tout en intégrant une dimension de long terme. Quelle est la concrétisation ?
Initiateur de cette démarche, UrbanEra internalise la démarche d’urbanisme transitoire dans le cadre du montage de l’opération d’aménagement. Ainsi, a été définie une première expérimentation de trois mois sur le site, qui débutera cette année. La friche prendra donc vie dès le 02 juillet 2021, pour la saison estivale.
Foodtrucks proposant une restauration bio et issue de circuits courts, pop up stores dans des conteneurs accueillant des créateurs et une tribune pour les porteurs de projets locaux… Différents lieux sont proposés aux riverains pour préfigurer les futurs usages et donner un premier souffle et un aperçu de ce que sera le projet du quartier demain.
“Le site a de nombreux avantages, dont celui d’être propice à l’activité estivale et d’être adapté à la crise sanitaire que nous traversons” s’enthousiasme Maxime Cadel. Alors que depuis plusieurs années ce projet temporaire se dessine en coulisses, en plein confinement, l’ensemble des acteurs se sont mobilisés pour tirer parti de l’été pour proposer l’ouverture d’un nouveau lieu aux habitants, même en pleine crise sanitaire.
“Nous étions assez confiants”, explique Johann Milani. “Sofffa est une structure agile, nous pouvions nous adapter et la configuration du lieu était une réponse à la crise sanitaire, puisqu’il est considéré comme une terrasse abritée.” Maxime Cadel complète : “L’immensité de la friche avec ses 7000m2 ouverts au public, permettra d’accueillir 700 personnes, soit 1 personne pour 10m2. Une configuration des lieux parfaitement ajustée à la crise sanitaire et qui projettera les visiteurs dans une ambiance « quartier ». On aura l’alternance de zones conviviales, autour des foodtrucks et du bar « MAMIE CASSE DALLE » et « TONTON BOULE » par exemple, et de zones de respiration, dédiées aux pratiques sportives et récréatives comme la « LA RECREE ».”
Comment est envisagée la suite de cette occupation temporaire ?
Le cofondateur de Sofffa, Johann, insiste sur l’originalité de la démarche, c’est-à-dire d’inscrire le projet dans une ambition de préfiguration avant même le choix d’une programmation pour le lieu. “Beaucoup d’initiatives ont déjà eu lieu, ayant pour objet de développer une occupation temporaire ou transitoire, mais il est rare qu’il y ait dès le départ une vraie ambition de pérennité en intégrant les acteurs concernés. D’ailleurs, cette dynamique de nous projeter sur le long terme nous l’avons aussi intégrée dans la démarche transitoire, en nous imposant de respecter des règles proches d’une occupation pérenne.”
Pour accompagner cette démarche, afin notamment d’en analyser la plus-value et les effets, l’équipe d’UrbanEra s’entoure d’une agence de conseil en Impact et de deux designers pour suivre les usages pendant toute la durée du projet. “Les designers, dans une approche de Design global, vont appuyer les porteurs de projet tout au long de l’expérience transitoire pour réaligner certains éléments de leurs business model. Pour nous, l’enjeu c’est de maximiser les retours de données pour améliorer l’ensemble des services qui seront proposés lors de ce temps d’expérimentation et plus tard”, nous détaille Maxime Cadel. “Il s’agira aussi de récolter les visions et les retours des habitants et riverains. Nous amorçons donc une démarche de design, avec une phase de test et de confrontation des différents services et initiatives avec les usagers et les habitants.
Ainsi, nous sortons d’un dessin de l’avenir déconnecté du réel pour tendre vers “le faire”, où nous expérimentons et confrontons directement nos idées au terrain. L’opération transitoire se révèle alors comme un outil nous permettant de tester des usages futurs pour le quartier et des business models pour les commerces/services/activités futurs envisagés, faisant de cette étape non figée, où tout est encore possible, une ouverture au droit à l’erreur.”
Cette première saison d’urbanisme transitoire sera donc le moyen de tirer les premières conclusions qui rendront possible l’ajustement du modèle. “Aujourd’hui, nous nous laissons la possibilité de faire nos preuves, autant les porteurs de projet que nous même, car il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un projet pilote”, conclut Maxime Cadel. Tous à l’épreuve pour initier cette démarche, il s’agira de rendre concret ce projet et d’initier un véritable ancrage, notamment en créant des passerelles avec l’environnement immédiat.
OPENING
La Cité des Halles ouvre ses portes ce vendredi 2 juillet à partir de 16h.
Venez découvrir ce site exceptionnel de 7000m2 situé au cœur de Lyon 7e – 18 rue Lortet :
Du mercredi au vendredi de 16h à 22h
Les samedi et dimanche de 11h à 22h
Vos réactions
Bonjour,
J’initie le projet d’ouvrir une micro crèche dans votre secteur. (Lyon et Villeurbanne)
Je cherche un local et/ou des partenaires.
Pour élargir les offres, pour optimiser les espaces, valoriser la vie de quartier, dans le cadre des politiques RSE…
Je propose l’ouverture de places en micro crèche, mode de garde idéal des jeunes enfants, à hauteur humaine, à un tarif avantageux pour les habitants et les salariés.
Si vous êtes intéressé(e)s, nous pouvons prendre un RDV pour en parler.
Bien cordialement.
Mélody Faivre
faivremelo@gmail.com
06 62 06 83 62