À Toulon, la rue des Arts redore l’image du centre historique
On le sait, la dévitalisation des centres de villes moyennes est devenu un véritable fléau. Essor de la voiture personnelle ou encore développement des commerces périphériques, les villes moyennes connaissent depuis plusieurs décennies un dynamisme en perte de vitesse, accompagné entre autres d’une déprise des locaux commerciaux. Et si Toulon a également été victime d’un tel phénomène depuis les années 80, la préfecture du Var semble aujourd’hui avoir trouvé une réponse pour contrer cette tendance alarmante.
Depuis près de deux décennies, les pouvoirs publics de Toulon s’engagent conjointement à redynamiser le centre-ville, en proposant à tous les habitants de nouvelles activités, en particulier par le biais de la fraîchement nommée rue des Arts. La rénovation de cet axe commercial est le fruit d’une réflexion initiale menée par les équipes de Hubert Falco, sénateur-maire de la ville de Toulon. L’objectif était alors de redynamiser le centre de la ville varoise et il semble aujourd’hui largement atteint !
Le « Petit Chicago » en déshérence
En plein cœur de Toulon donc, la rue des Arts n’a pas toujours porté ce nom. Autrefois appelée rue du Canon, désignant un chasse-roue présent à l’angle avec la rue Anatole France, l’axe a par la suite, dès 1945, été nommée en hommage à Pierre Sémard, ancien secrétaire général du Parti Communiste Français fusillé par les allemands en 1942.
Cette rue qui traverse l’ancien centre de Toulon a longuement été le théâtre d’un commerce de proximité florissant. Mais les petites enseignes ouvertes en journée, laissaient place le soir à une activité nocturne alimentée par les marins en escale et les fêtards de la ville. Jusqu’au début des années 1980, ce petit quartier toulonnais était même appelé le « Petit Chicago de Toulon », en référence à ses activités occultes de “débauche alcoolisée et sexuelle” notamment.
Puis petit à petit, ce quartier ayant alors revêtu une réputation peu recommandable s’est vidé de ses fêtards, de ses commerces et les marins ne s’y rendent plus dans la même ambiance que dans les années 1950. Comme de nombreuses villes françaises à la même période, ce quartier de centre-ville et en particulier la rue Pierre Sémard, a rapidement perdu en attractivité, laissant derrière lui l’unique souvenir d’un quartier très malfamé et par conséquent, peu attractif.
La volonté d’un souffle nouveau
Mais les toulonnais étaient bien conscients de cette image peu favorable à l’attractivité de leur ville. Si bien que depuis les années 90, un tout autre tableau se dessine dans et autour de la rue Pierre Sémard. Pour marquer le coup, il a même été décidé de donner un nom bien plus représentatif et bien plus imagé à cet axe à reconquérir : La rue des Arts est née et avec elle, la ferme ambition de retrouver des couleurs plus vives et une nouvelle vie qui se profile.
Cette volonté a en partie été initiée par le sénateur-maire de Toulon depuis 2001, accompagné de l’ensemble de ses équipes, alors que la ville et en particulier son centre historique étaient en véritable déshérence. L’ambition était grande. D’ailleurs soutenue en 2002 par le Ministre de la Ville de l’époque Jean-Louis Borloo, elle avait pour objectif de permettre à tous les citadins de pouvoir reconquérir ces espaces publics à travers un prisme culturel, social et surtout, apportant une réelle qualité d’usage et de vie à tous ses utilisateurs.
Sur le plan opérationnel, l’ancien urbaniste et maître d’ouvrage Jacques Mikaélien a créé la SCI (Société Civile Immobilière) Equerre Sémard Développement, du nom des deux rues centrales du quartier. Cette société s’est donné comme mission de « participer à la transformation de l’ensemble urbain rue Pierre Sémard et place de l’Equerre en offrant aux Toulonnais un espace vivant, jeune et attractif, destiné à l’art et à l’art de vivre ».
La rue des Arts qui renaît, entre culture et art de vivre
L’ensemble de cette politique volontariste, en collaboration avec les différents acteurs et organismes liés à l’aménagement du quartier, a en fin de comptes mené à la création de plus de 25 locaux afin d’y accueillir diverses enseignes artistiques, culturelles, culinaires et récréatives. Petit à petit, la rue des Arts adopte une nouvelle identité, plus vivante ; les habitants et les visiteurs de Toulon redécouvrent ce lieu qui se dessine davantage comme un nouvel espace de rencontres.
Mais il s’agit surtout d’un espace qui garantit une qualité de vie à l’inverse de ce que l’on pouvait y trouver quelques décennies plus tôt. Lieu de vie devenu véritablement attractif pour les habitants, la rue des Arts regroupe un ensemble d’activités qui pourront satisfaire les goûts de chacun. Les bars, vintages ou en ambiance industrielle, ouvrent leurs terrasses dès que les premiers rayons de soleil apparaissent et l’ambiance reste festive jusque dans la soirée et ses happy hours incontournables. Si la rue des Arts est en soi une galerie artistique, des enseignes culturelles y ont également une place particulièrement précieuse entre les différents restaurants. Quelle serait la rue des Arts sans ses petits locaux d’artistes et ses œuvres exposées directement sur l’espace public ?
Et pour exprimer cette renaissance de cette rue autrefois malfamée, les jeunes et les moins jeunes peuvent compter sur les multiples animations prévues en journée ou en début de soirée. Le jeudi soir en particulier, les « nocturnes » assurent l’animation avec des ateliers et des happy hours thématiques.
Et pour continuer d’attirer encore plus de personnes pour faire vivre ce nouveau quartier, la promotion du lieu est faite par une communication véritablement active, dont les habitants et les utilisateurs se font les messagers auprès de leurs proches mais également auprès des curieux qui peuvent constater par eux-même l’animation ambiante du quartier !
Un exemple pour les centres-villes ?
La rue des Arts et par conséquent, le quartier que l’on appelait au 20è siècle le « Petit Chicago » a franchement changé de visage. Il s’agit désormais d’un quartier tout à fait redynamisé, jeune et attractif. Dans ce cas, c’est en particulier un aspect culturel qui a permis de relancer l’attractivité. Mais c’est aussi celui d’un art de vivre de qualité qui permet de fidéliser les utilisateurs des enseignes de la rue. Pour les quartiers historiques, de centres-villes qui perdent de la vitesse et du dynamisme, Toulon a agit ici de manière exemplaire en vertu de la reconquête de ses espaces publics par les habitants.
Inaugurée en Mai 2017, la rue des Arts représente en effet un bel exemple de redynamisation urbaine. Entre les cafés, leurs terrasses ou devant les petites boutiques, la rue toulonnaise revit également sous le rythme de la musique ambiante ainsi que des manifestations culturelles hebdomadaires. En bref, la rue des Arts porte bien son nom, et ce ne sont pas ses nouveaux utilisateurs qui diraient le contraire !
Vos réactions
Si je comprends bien, un ancien urbaniste a, à titre privé par le biais d’une SCI, acheté une partie de la ville sur l’accord du maire et du préfet.
Ceux là même qui l’ont ensuite aidé à s’enrichir en rendant la rue plus jolie et en la louant à des artistes à qui on demande d’être rentables (contrairement à d’autres départements, comme le vaucluse où on trouve des pépinières d’artistes réellement : sans loyer pour l’artiste et promo assurée par la ville) pour donner plus de valeur à Ses rues…
Enfin pas que des artistes puisqu’il y a aussi de la nourriture, des fringues, et surtout des happy hour, qui n’ont rien à voir avec l’alcool qu’on pouvait y trouver avant (ironie hein)….
Parce que Toulon !
l’idée est affolante, ébouriffante, … ouvrir Toulon sur des espaces artistiques… dans une ville qui n’a même pas un lieu, un espace municipal d’exposition, ou les 2/3 galeries sont inaccessibles… pour les créateurs actuels, ou la vacance de volontés artistiques des élus municipaux est à faire pleurer. Au niveau des gouvernements on va souvent voir chez les voisins si c’est pas mieux en Allemagne, en Italie…etc. Voyons chez nous, juste à coté, à Sanary, Six fours, les lieux MUNICIPAUX consacrés aux arts…ceci n’est peut-être qu’un question d’élévation culturelle de nos élus ??? L’art au niveau local est peu producteur de gain. Installer un espace privé consacré à l’art n’a pas de rentabilité… d’ou l’intérêt d’un collectivisme, avec des élus « motivés » avec une volonté municipale avérée. Installer à Toulon un musée Picasso, alors là chapo ! fallait y penser !… mais pensez aussi aux artistes vivants !