SOS sans-abris : de la prise de conscience à l’action urbanistique (3/3)

22 Jan 2015

Troisième et dernier volet de cette série  d’articles consacrée à l’une des plus grosses épines dans le pied des villes contemporaines, celle de la place faite aux plus démunis dans le cœur des urbanistes. Nous dresserons ici un portrait non exhaustif des initiatives architecturales et d’aménagements habitables mis en place pour domicilier les personnes qui n’ont que la rue pour se blottir.

Dans le précédent épisode, nous avons passé en revue une poignée d’actions réalisées par des acteurs divers (de l’association militante aux boîtes de pub) pour adoucir les conditions de vie misérables des sans-abris. Tandis que certains tentent de combler, par différentes actions, les besoins essentiels de la notion “d’habiter” à l’intention des SDF, d’autres se penchent plus concrètement sur la forme même de l’habitat urbain d’urgence.

SDF - Paris ; Crédits : Arslan / FlickR

Sans-abris à Paris ; Crédits : Arslan / FlickR

Impératifs de la ville urgente

Rien de plus compliqué que de bâtir un avenir incertain, diront les plus indécis d’entre nous. Du côté de l’urbanisme, il semblerait que le conditionnel pose particulièrement problème. La ville se pense et s’édifie bien souvent sur le long terme, difficile donc d’y glisser de l’imprévu. Les projets urbanistiques prioritaires ne concernent dès lors que trop rarement un public en situation d’urgence.

Malgré tout, si les autorités immobilières et architecturales traditionnelles préfèrent se consacrer à l’érection de villes solides et indélébiles – quitte à engager des chantiers sur du très, très long terme -, d’autres parties prenantes inaugurent depuis des décennies cette ville modulable et évolutive aux reflets quelques peu utopiques. Ainsi, designers, artistes et personnes dans le besoin tentent petit à petit de renouveler les codes de l’habitat, et par là même ceux du Bâtiment.

Dans notre veille quotidienne, les exemples ne manquent pas. Que l’on parle de maisons modulables, de camping urbain ou encore d’abris pliants, les prototypes innovants créés par des experts de l’habitat éphémères se multiplient.

Recycler la ville pour la rendre plus charitable

Dans la famille de “l’architecture de survie en milieux urbains hostiles”, de nombreuses d’innovations sont régulièrement mis en avant sur les sites dédiés tels que Pop-up City. Ainsi, on y découvrait l’année dernière un prototype d’objet pensé par l’artiste et architecte Chat Travieso, basé à Brooklyn. Son cocon pliable aux allures d’accordéon à roulettes se présente cependant plutôt comme un objet original pensé pour questionner le rôle de l’espace public/privé dans la ville.

Dans un registre plus purement urbanistique, un ambitieux projet de recyclage publicitaire pour loger les plus démunis était dévoilé il y a peu de temps :

“Portant le nom de « Project Gregory », le concept propose de transformer des panneaux publicitaires en logements pour sans abri. Une initiative que son créateur, Michal Polacek, a récemment lancée sur la plate-forme de financement participatif américaine Kickstarter. Le but : récolter au moins 50 000 euros (41 000 livres sterling) pour lancer ce projet que Michal Polcaek et son associé comptent développer en Slovaquie, en construisant localement dix de leurs maisons/panneaux publicitaires.”

Main tendue ; Crédits : Bryan Guilas / FlickR

Une main tendue ; Crédits : Bryan Guilas / FlickR

Si le modèle du crowdfunding trouve ses limites par divers biais dans le cas d’un projet aussi téméraire, l’idée de recyclage du bâti existant représente l’une des voies les plus prometteuses pour penser l’habitat de demain.

D’autres initiatives plus réalistes et moins expérimentales tentent de remédier à ce fléau urbain, comme la Maison qui déménage, un logement “entièrement en bois, montable et démontable en dix jours” développé par Habitat et humanisme, une association spécialisée dans le logement social, et Univers & conseils, une coopérative fondée par deux architectes. Cette habitation est conçue pour être occupée temporairement par des personnes se trouvant dans une situation de grande précarité, notamment des familles avec enfants. Le projet a été financé par 186 internautes, dépassant même les attentes de leurs concepteurs (25 000 euros sur les 20 000 demandés).

En attendant de voir se multiplier les entreprises charitables en termes de recyclage et d’innovations habitables, on espère surtout que les villes prendront rapidement le taureau par les cornes. Ainsi, on souhaite profondément que le sort des plus démunis soit pris en main par le sommet de la hiérarchie urbaine et non plus par des agents isolés et peu soutenus.

Pour aller plus loin :

{pop-up} urbain
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