Redynamiser le recyclage des déchets ménagers
Carton, plastique, verre, matières organiques… Désormais, à chaque matière sa poubelle dédiée. Et, si la majeure partie des communes françaises a mis au point des systèmes permettant le tri et la récolte des déchets, le comportement des Français, lui, semble moins vertueux. En effet, seuls 44% de nos compatriotes déclarent trier systématiquement leurs déchets. Les Français, perpétuels mauvais élèves ? Et si le problème venait d’ailleurs ? Tour d’horizon de solutions pour valoriser nos déchets ménagers
Un tri soumis à des difficultés importantes
« La bouteille ne sert que pour vous, elle ne sert qu’une seule fois ; vide, on la jette, elle ne revient pas ». Cet extrait de publicité de la bouteille d’huile Huilor (1969) marque une véritable révolution pour la ménagère : fini le passage à la consigne et place à la poubelle ! Et en moins de 50 ans, ce geste est complètement entré de nos mentalités, faisant de nous des producteurs de déchets de plus en plus importants.
Pour tenter de faire évoluer les comportements, l’ADEME multiplie depuis quelques années les campagnes destinées à mieux nous faire trier les déchets, avec un objectif principal : le recyclage.
Mais le problème ne vient pas uniquement de nos comportements. Le système de tri et de recyclage est parfois particulièrement complexe et n’est pas uniformisé sur l’ensemble du territoire. Et au moment de jeter un pot de yaourt, de nombreuses questions se posent : dois-je le jeter avec le plastique ? Doit-on le laver avant de le jeter ? …
De plus, si le nombre de nos poubelles a augmenté, il n’en n’est pas de même de la taille de nos logements : comment, dès lors, favoriser le tri des déchets dans les milieux urbains quand notre habitat ne nous permet pas d’avoir de la place pour 2, voire 3 ou 4 poubelles. Le tri des déchets est donc soumis à de nombreuses difficultés qui font qu’aujourd’hui peu de déchets sont recyclés ou valorisés.
De « faire moins mal » à « faire mieux »
Comment donc tenter d’inverser le processus ? Pendant des années, nous nous sommes contentés d’essayer de « faire moins mal ». Comment dépasser ce stade pour arriver à « faire mieux »? Aujourd’hui, des modes de vie et des modèles économiques alternatifs émergent pour tendre vers plus de respect de l’environnement.
Si le modèle « Zéro déchet » prôné par l’Américaine Bea Johnson peut sembler un peu utopique, il a le mérite de mettre en avant de nouvelles possibilités de consommer. Citons par exemple les épiceries sans emballage qui permettent, en plus d’éviter les déchets, d’acheter seulement ce dont on a besoin, luttant ainsi contre le gaspillage. Des solutions émergent également en amont de la consommation : éco-conception, économie circulaire, bio design… Que ce soit en amont ou en aval de l’acte d’achat, les solutions envisagées amènent vers la réduction des déchets. Mais comment valoriser les déchets existants ?
L’approche par le design pour reconsidérer nos déchets
Si la production de déchets semble en effet inévitable, alors autant les exploiter en tant que ressources locales, plutôt que de les ignorer. Constitués de matière, ceux-ci peuvent en effet être réintroduits directement dans les processus de production. Mais les systèmes de recyclage à grande échelle aujourd’hui mis en place sur le territoire rendent la valorisation du déchet très industrielle, complexe, difficilement compréhensible par le citoyen.
L’idée est alors de rendre ce processus tangible par l’usager, lui permettant d’en percevoir directement et personnellement les bénéfices pour la protection de l’environnement et la dynamisation de l’économie locale.
Le designer intervient ainsi en tant que lien conciliateur entre tous les éléments interférant dans la valorisation du déchet. Et les habitants vont pouvoir considérer leur déchet comme une véritable ressource en le transformant en une nouvelle matière, grâce à un processus issu du bio-design. En effet, si la valorisation du déchet permet une protection de la nature en évitant une pollution supplémentaire, il est important d’intégrer cette dernière dans le processus lui-même. Ainsi, l’usager et la nature collaborent ensemble pour transformer le déchet.
Le citoyen peut dès lors agir à son échelle pour protéger son environnement tout en participant activement au développement durable de sa ville.
Par Marie-Anaïs Bluteau, étudiante en cinquième année à l’École de design Nantes Atlantique, cycle Master Ville Durable, et Zélia Darnault, enseignante.