Les projets de collaboration urbaine de l’Echapée Volée
« Passer des idées à l’action » : voici le crédo porté par l’équipe de TedxParis qui a fondé en 2014 l’«Échappée Volée», un accélérateur d’idées censé mobiliser les fidèles et sympathisants de la communauté TED autour de quelques projets « d’éducation, de santé, de solidarité, d’émancipation par les arts et la culture et pour un développement durable ». 10 d’entre eux ont été sélectionnés pour participer à la session qui a eu lieu à la fin du mois de mai 2016.
Le public participant ainsi que tous les porteurs de projets se sont ainsi réunis au Domaine les Fontaines – Campus Capgemini pour un « week-end d’inspiration, d’expériences, d’échanges et d’actions ». Les participants ont ainsi bénéficié d’ateliers de travail, de rencontres et de conseils de tous les représentants de TedxParis qui souhaitaient s’investir auprès d’eux.
Tout comme l’année dernière, nous étions donc présents à cette nouvelle session et puisqu’on ne se refait pas, nos yeux se sont évidemment tournés vers les projets entrant directement en résonance avec les enjeux urbains. Et cette année, parmi les dix lauréats, nous en avons sélectionné trois qui pourraient être annonciateurs de « révolutions urbaines » : une application grand public, un site internet destiné à des collectivités et un nouveau matériau de construction.
Accomplir sa transformation écologique en 90 jours
Le premier de ces projets n’est autre que l’application « 90 jours ». Ce n’est pas un nouveau système de calendrier partagé ou de rappels de tâche, (quoique…) non, 90 jours, c’est ni plus, ni moins « votre assistant personnel de transition écolo », en somme, une application mobile qui nous aide à changer concrètement notre quotidien « sans nous faire de mal et en allant à notre rythme ».
Elliot Lepers, son créateur, souhaite « réduire la première marche » pour toutes les personnes qui sont déjà convaincues que la planète va mal et qui se demandent simplement, comment à leur échelle, elles peuvent changer les choses.
Pour cela, le concept est très simple : après un mini-questionnaire qui permet à l’application de définir notre profil, il nous est proposé un défi personnalisé « celui qu’on a le plus de chances de réussir, pour obtenir une première victoire et provoquer une sorte de réaction en chaîne. » Parmi les 20 défis qui nous sont proposés en 90 jours, tous, une fois appliqués, ont la capacité d’avoir une vraie influence pour la sauvegarde de la planète et certains ont un impact direct sur nos centres urbains.
Alors, nous avons bien entendu testé l’appli et devinez notre premier défi : « Je fais pipi sous la douche » (!) Surprenant ! Mais au combien efficace, si l’on en conclut que cette nouvelle utilisation de la douche pourrait nous faire économiser une chasse d’eau par jour. Multiplions cette économie à 365 jours de l’année et cela commence véritablement à compter.
On nous propose ensuite d’installer l’extension de navigateur Amazon Killer qui nous permet, quand nous cherchons un livre sur Amazon, de le trouver dans une vraie librairie près de chez-nous. Une belle manière de relancer l’attractivité des libraires urbains qui tendent petit à petit à disparaître, notamment à cause de l’influence immense du géant Amazon. On nous apprend également à faire le tri correctement, ce qui aura, au-delà de l’impact sur le recyclage des déchets lui-même, une influence directe sur la qualité du travail des employés des entreprises chargées du tri des déchets dans nos villes. Enfin, on nous propose de nous inscrire dans une AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) près de chez nous, une belle idée pour développer les circuits courts dans nos centres urbains.
Pour télécharger l’application c’est par ici !
Woodoo, pour que le bois devienne le matériau du 21è siècle
Faire du bois le matériau du 20è siècle c’est en tout cas le leitmotiv de Timothée Boitouzet, jeune architecte français formé au Japon. Partant du constat que 50 % du bois qui pousse en France chaque année est inutilisé alors qu’il est pourtant coupé et entassé dans la forêt, il s’est donné l’idée de revaloriser tout ce bois afin d’en faire un nouveau matériau pour la ville de demain.
Seulement, voilà, comme l’explique Timothée Boitouzet, le bois possède quatre limites : il brûle, il pourrit, il a une résistance limitée dans la construction et il est cher.
Alors pour se donner toutes les chances de transformer suffisamment ce matériau afin d’en faire un élément incontournable de la construction de demain, il a pris un billet d’avion pour les Etats-Unis avec l’idée de démarrer des recherches à l’Université d’Harvard au laboratoire de biologie moléculaire dans le but de créer ce qu’il appelle « le bois augmenté. »
Il y découvrit notamment que le bois est constitué majoritairement d’air, formant ainsi des cavités « ne demandant qu’à être utilisées ». La deuxième découverte qu’il fit est que le bois contient des éléments précieux comme la lignine qui peut, une fois extraite, être transformée en bio-carburant ou en fibre de carbone. C’est ce composant qui donne au bois sa rigidité. Alors une fois la lignine extraite, il tenta de remplir toutes ces cavités avec de la résine végétale afin de solidifier le bois. Et c’est bien cette opération qui donnera à son matériau de nouvelles qualités essentielles pour la construction de demain.
En effet, le bois devient d’abord translucide, mais surtout imputrescible, trois fois plus solide que le bois d’origine et plus résistant au feu.
Aujourd’hui, Woodoo en est au stade de la production de prototype au stade pré-industriel. Les objectifs : se concentrer tout d’abord sur la marché du design et du mobilier, puis sur la production d’éléments de second œuvre (façades, toitures et éléments de plancher) et d’ici cinq ans, dans la production d’éléments porteurs. Une innovation à suivre pour la construction des villes de demain…
Je m’engage où l’uberisation de l’action citoyenne.
En février 2015, peu de temps après les attentats qui ont frappé la France, le Président de la République François Hollande annonçait vouloir renforcer le service civique volontaire, en créant un service civique universel. Il précisait notamment que tout jeune qui souhaitait faire un service civique « pourra le faire dès le 1er juin 2015 ». Pour cela, l’agence pour le service civique allait donc être renforcée. Plus d’un an est passé depuis cette annonce et alors qu’à l’approche de l’élection présidentielle, nous entendons parler de service civique obligatoire, les municipalités mettent déjà en place divers services pour susciter l’engagement civique de leurs habitants.
Parmi celles-ci, il y a la mairie de Paris qui a récemment lancé le site internet Jemengage.paris.fr. Sur le site internet, il est précisé que jemengage.paris est un site de consultation gratuite d’actions citoyennes à Paris, proposé par la Ville de Paris et la startup sociale & solidaire Paris je t’aide.
Car à l’origine de Je m’engage, il y a en effet Nicolas Goudy, qui faisait le constat que trop de personnes souhaitent s’investir pour des projets à impact positif sans savoir vraiment vers qui se tourner. Lui, qui souhaitait s’investir en parallèle de sa vie professionnelle sur un projet à impact positif, a commencé à chercher de grandes associations à proximité de chez lui, mais « celles-ci n’avaient pas de mission à lui proposer qui correspondaient à ses courtes disponibilités. »
On lui a alors conseillé de adresser à des plus petites structures, mais cela n’a pas vraiment fonctionné. Quelques temps après, il participe à un week-end organisé par l’Unesco qui incitait ses participants à proposer et développer un projet à impact positif pour la société. C’est à ce moment-là que l’idée lui est venue « d’uberiser positivement l’action citoyenne en se servant de la technologie pour la mettre au service de l’intérêt général ».
Ainsi c’est très simple, en fonction de sa géolocalisation, il est possible d’être mis en relation directe avec les associations correspondant à ses préférences et à ses disponibilités pour effectuer une mission d’intérêt général de courte durée. La Mairie de Paris séduite par ce service développé par Nicolas Goudy et sa start up Paris je t’aide, a signé un accord avec la jeune société afin d’en partager les droits. Nicolas Goudy ne souhaite pas s’arrêter là : après les 12 000 citoyens parisiens qui se sont déjà investis sur des projets associatifs via Jemengage.paris.fr, la startup souhaite faire profiter de ce service à de nombreuses autres villes.
Pour découvrir l’ensemble des projets lauréats de l’Échappée Volée, n’hésitez pas à aller faire un tour sur leur site internet