Un laboratoire de vivre ensemble à Lyon
Un projet immobilier d’un nouveau genre est en train de voir le jour dans le quartier de Gerland à Lyon. Porté par Bouygues Immobilier, le programme développe une dizaine d’immeubles accompagnée d’une large gamme de services améliorant la qualité de vie et encourageant le lien social. D’une ampleur inédite, le projet « Follement Gerland » est vu comme un laboratoire du vivre ensemble.
La mutation du quartier Gerland
À quelques minutes de transports de la gare Part-Dieu à Lyon et des berges du Rhône, dix bâtiments forment un triangle autour d’un large oasis de verdure. Ils constituent un des deux terrains du projet Follement Gerland porté par Bouygues Immobilier dans la ZAC (Zone d’Activité Concertée) des Girondins. Ce quartier, marqué par une histoire industrielle forte, est aujourd’hui en pleine mutation urbaine. Les projets immobiliers s’y multiplient et le nombre d’habitants doit atteindre les 40.000 d’ici 2020 contre 30.000 en 2012.
Fort de ses équipements sportifs et culturels (la plaine des jeux, le Matmut Stadium Gerland, la Halle Tony Garnier), le quartier Gerland est aussi un pôle d’excellence universitaire et scientifique avec le campus Charles Mérieux qui rassemble l’ENS Lyon, l’ISARA ou encore l’Université Lyon I. A cela s’ajoute la présence de nombreuses entreprises et de centres de recherche spécialisés qui confèrent un rayonnement mondial à cet épicentre dans le domaine de l’innovation technologique biomédicale. Le plan stratégique d’urbanisme tend à consolider ce positionnement d’innovation et de recherche. La construction du pont Raymond Barre reliant Gerland à Confluence et les nouvelles lignes de tramway ont récemment contribué à augmenter les connexions et l’accessibilité du quartier. La réussite immobilière et humaine d’un projet comme Follement Gerland est donc décisive, analyse Mme Grojean : « C’est un projet très attendu par la métropole et les élus. Tout le monde est impatient de mesurer les retours d’expérience de nos clients. D’autant que la programmation de ce projet prévoyait 25% de logements sociaux, des logements étudiants et un parcours résidentiel pour le logement libre, c’est un vrai défi en terme de vivre ensemble. »
Construire le vivre ensemble
Et pour cause, parmi les bâtiments du projet, deux sont des résidences étudiantes (une libre et l’autre sociale gérée par le Crous), trois autres immeubles ont été vendus à des bailleurs sociaux et cinq copropriétés viennent compléter la programmation, pour un total de 650 logements, livrés en totalité et inaugurés au mois de novembre 2017. Les habitants, eux, ont progressivement investi les lieux depuis 2016. La spécificité est de mettre l’accent sur une offre de services inédits voués à dynamiser la vie de quartier et la mixité sociale.
Parmi les caractéristiques de Follement Gerland, on retrouve la mise à disposition de chambres d’hôtes au sein de la copropriété. Aménagées comme des chambres d’hôtel, ces deux chambres individuelles peuvent être louées et permettent ainsi à un habitant de loger un proche pour un court séjour. Il suffit pour cela que le résident réserve la chambre auprès du syndic de copropriété et demande la clé au Manager de l’immeuble qui organise le check in et le check out. Un bon moyen de recevoir du monde quand on n’a pas la place chez soi et pour un coût moindre que l’hôtel. Autre atout, les terrasses partagées au dernier étage sont accompagnées de locaux permettant de réunir le conseil syndical, d’organiser des réunions entre copropriétaires ou d’inviter des associations. « Au-delà de la simple construction d’un immeuble, Bouygues Immobilier souhaite se positionner comme un opérateur urbain global, explique Véronique Grojean, directrice des opérations en charge du projet Follement Gerland. Avec le développement de logements mais aussi de quartiers plus mixtes, avec une offre tertiaire et un ancrage sur les territoires plus importants. »
La mobilité douce est encouragée : la start up lyonnaise Green On propose un service de vélos électriques partagés. Les habitants bénéficient d’un espace dédié aux vélos – à la fois de stockage et de bricolage – équipé de casiers et d’un certain nombre d’outils afin de faciliter l’usage. Un « manager d’immeuble » est sur place dans une loge. Comme un concierge, il veille au bon fonctionnement des équipements, à la propreté des lieux et rend service aux résidents. Enfin, un meuble de recyclerie est présent dans chaque hall et fait office de boîte à dons : les habitants y déposent les objets dont ils souhaitent se débarrasser et ceux-ci peuvent être récupérés par d’autres résidents. Les objets ne trouvant pas preneur sont récupérés, reconditionnés et revendus par l’association Notre-Dame des Sans Abri. À l’échelle lyonnaise, un tel partenariat permet d’assurer un circuit de réemploi des objets et de lutter contre le gaspillage, mais aussi de favoriser l’insertion sociale de personnes en situation précaire.
« C’est notre laboratoire d’expérience »
En parallèle, on compte également plusieurs services d’animation du voisinage. Le jardinier qui s’occupe des espaces verts et de la serre est par exemple responsable d’organiser des ateliers avec les habitants, qui peuvent lui demander de s’occuper de leurs plantes pendant leur absence. Pour sauvegarder la biodiversité, des ruches ont été disposées sur le toit d’une résidence étudiants. Le métier « d’animateur de copropriété » voit aussi le jour, avec pour mission d’être au contact des habitants et de répondre à leurs demandes. Il organise notamment des cours de sport deux fois par semaine. Enfin, Citylity, plateforme d’information et de mise en relation, connecte les habitants entre eux, et avec le syndic et le quartier. Cela favorise le dialogue entre le syndic et les copropriétaires, qui peuvent signaler des anomalies et accélérer leur traitement. L’entraide et les échanges entre résidents s’en trouvent renforcés, ainsi que le contact avec les commerçants locaux qui peuvent y diffuser des annonces.
La plupart de ces services sont financés pendant trois ans par Bouygues Immobilier. « C’est la première fois que Bouygues Immobilier reste présent après la livraison pour mesurer quantitativement et qualitativement les services qui ont été mis en place. C’est notre laboratoire d’expérience. » Selon Véronique Grojean, ce sont l’ampleur et l’échelle du projet qui rendent l’expérimentation possible : « C’était le bon projet pour tester cette offre de services : d’une part, nous nous sommes donnés les moyens, et d’autre part, il n’aurait pas été pertinent de mettre en place autant de services sur un immeuble plus classique d’une cinquantaine de logements. Ici, on a voulu pousser tous les curseurs. » Tout au long des trois ans prévus contractuellement, chacun des dix services sera évalué et pourra être reconduit et modifié par les habitants eux-mêmes en fonction de sa réussite, à charge pour eux d’en assumer le coût financier pour pérenniser l’offre. « À terme ce serait génial que les conseils syndicaux avec les copropriétaires puissent s’approprier les animations, et peut-être commencer un début d’autogestion. Ce serait pour nous synonyme de réussite ».
Vos réactions
Bonjour,
Je suis bénévole pour le journal de solutions Tout va Bîen. Serait y-il possible d’avoir une interview avec vous sur le vivre ensemble au sein du quartier Gerland? Bien cordialement,
Bérénice Streiff