La maison dans les arbres : une figure pop pour inspirer la ville fertile
Nous avons déjà évoqué ici l’influence que les arbres peuvent avoir dans la considération d’une ville plus agile. Nous avons également abordé la nature en ville et décrypté le fantasme d’un espace urbain végétalisé. L’un dans l’autre, nous nous attaquons aujourd’hui à l’une des figures les plus stimulantes de la ville fertile, incarnée par la maison arboricole. Archétype de l’émancipation des enfants au cœur du jardin parental autant que véritable forme d’habitat pour une vie plus douce au cœur de la nature, la maison dans les arbres mérite bien son coup d’œil prospectif ! Ci-suit, une pincée d’exemples réels ou imaginaires pour inspirer le logement vert de demain…
Au-dessus des cimes : la cabane haut perchée
Que vous ayez joué à « L’Arbre Magique des Klorofil » édité par Vulli ou que vous ayez lu les aventures de Winnie L’Ourson lorsque vous étiez petits, le modèle de la maison creusée dans un solide tronc d’arbre ne vous est forcément pas inconnu !
Les deux spécimens cités précédemment appartiennent à une liste inépuisable d’exemples, présents dans la pop-culture relativement récente ou plus ancienne (de la légendaire maison en bois surélevée du film américain de 1960 Swiss Family Robinson au bateau aménagé dans l’arbre d’une petite île déserte du Mississipi que Jeff Nichols mettait en scène en 2013 dans son drame Mud). Dans la réalité, il a fallu attendre les années 1990 pour que le phénomène puisse se démocratiser auprès de nos petites têtes blondes (question de droits de construction, notamment) jusqu’à investir les jardins étroits de la banlieue pavillonnaire américaine et européenne. A l’image du tree fort de la bande-dessinée des années 1980-1990 Calvin & Hobbes, une génération d’enfants a ainsi rêvé de posséder cette chambre suspendue et tour de garde construite à l’écart du monde adulte…
Cependant, l’archétype du logement arborescent appartient-il à l’enfance et à l’imaginaire ? Pas le moins du monde, puisque certains de ces aménagements appartiennent à des sphères très sérieuses ! Vous le savez peut-être, une petite commune de Seine-Maritime abrite ainsi un très vieil arbre agencé par l’homme depuis au moins le XVIIe siècle ! Selon la légende, le chêne d’Allouville-Bellefosse – a priori planté autour du IXe siècle – se serait creusé en vieillissant, permettant dès lors d’investir les lieux. Depuis quelques siècles, l’attraction du village se dessine ainsi dans la chapelle chrétienne et la cellule ermitale installées dans cette excavation naturelle.
Une ville dans les arbres est-elle possible ?
La sortie récente d’un énième film reprenant le mythe de Tarzan ne nous a pas échappés : la vie reculée au beau milieu de la nature fait toujours rêver le public ! D’ailleurs, notons que ces vingt/trente dernières années ont porté les questions écologiques au centre des débats politiques et sociétaux, alimentant immanquablement une sorte d’imaginaire du mode de vie à demi-sauvage et à demi-civilisé… De fait, découlent de ces représentations un certain désir de « retourner à la terre » et ses bienfaits, fantasme d’une vie en communauté au cœur de cette nature que nous avons fait souffrir pendant trop longtemps.
Dans la fiction, cette « ville » en milieu sauvage s’incarne dans une poignée d’exemples populaires, du Peter Pan de Disney (1953) – et par extension Hook de S. Spielberg (1991) – au blockbuster de J. Cameron Avatar (2009). D’un côté, les enfants d’un monde merveilleux occupent une forêt en guise d’habitat et de terrain de jeu, se livrant à tout un tas d’astuces bricolées pour survivre dans cet espace a priori insociable. De l’autre, les habitants – profondément connectés à la nature dans laquelle ils évoluent – d’une planète lointaine vivent dans un gigantesque arbre, aménagé de façon à respecter l’organisation sociale locale. C’est surtout G. Lucas qui, en 1983 à la sortie de l’épisode VI de la saga Star Wars, invente le canon de la ville dans les arbres en filmant les cimes du Parc national de Redwood en Californie. Le célébrissime QG des Ewoks – peuple de chasseurs-cueilleurs à fourrure – s’est ainsi imposé comme icône ultime de la cité arboricole dans l’imaginaire collectif.
Depuis lors, d’innombrables formes de constructions et aménagements se rapprochant de ce modèle fantastique ont évidemment vu le jour dans le monde réel ! Ainsi, on ne compte plus les villages-vacances insolites où l’on s’invite chez le voisin en accrobranche ; ni les projets architecturaux visant un rapprochement étroit entre construction bétonnée et forêt luxuriante…
Pour aller plus loin :
- Sur un arbre perché : rêves de cabane – sur Arte TV
- Nids perchés : le savoir-faire des grands au service des rêves d’enfants – notice de l’ouvrage Tree Houses édité chez Taschen
- Le projet architectural “Fab Tree Hab” – sur Archinode
Vos réactions
Voici une raison de plus de prendre soin de nos arbres, de la nature. C’est aussi simple que ça. ..Nous sommes assis sur une branche…ne la scions pas!