Que faire de toutes ces stations-services ?

Idylle perdue
4 Oct 2017

Dans l’imaginaire collectif, les stations essence pourraient largement être perçues comme des infrastructures maudites… Si elles évoquent au quotidien un court moment de pause sans grand intérêt pour les voyageurs, elles sont également connues pour divers aléas les concernant. Récemment, un mouvement de grève des routiers contre la réforme du Code du travail mettaient notamment les pannes de carburants sur le devant de la scène médiatique française.

 

Mais ce n’est pas tout. Ces services routiers sont évidemment dépendants de l’industrie pétrolière et des usages automobiles – à savoir deux domaines qui n’ont pas vraiment le vent en poupe dans une société où les questions environnementales se durcissent… Dans le même temps, l’arrivée du “tout électrique” dans le paysage des mobilités ces dernières années pose évidemment des questions pratiques. Une fois devenues obsolètes, que fera-t-on de ces infrastructures urbaines et périurbaines dédiées à l’automobile ?

Pas de nouvelles recrues d’essence

Depuis les années 1980, le nombre de stations-services “actives” ne fait que réduire, d’abord pour des raisons économiques :

“La forte diminution du nombre de stations-service depuis les années 1980 s’explique notamment par l’essor de la grande distribution et la plus grande autonomie des véhicules (800 km dans les années 2010 en moyenne contre 400 km dans les années 1980), tandis que les stations rurales ont subi une réglementation de plus en plus lourde et difficilement soutenable financièrement. Alors que la grande distribution détenait 12 % du marché en 1980, en 2013 elle en possède 63 %, bien que fin 2012 les pétroliers et indépendants possèdent 6 175 sites sur 11 662, contre 4 947 à la grande distribution.” via Wikipédia

Un vent glacial souffle sur les stations-servicesv

Un vent glacial souffle sur les stations-services Crédits Alex Weimer sur Flickr

D’un point de vue urbain, ou communal, le phénomène pose évidemment un certain nombre de problèmes. En effet, chaque station fermée devient un site hors d’usage, laissé à l’abandon, et extrêmement compliqué à transformer. Récemment, huit communes franciliennes se réunissaient ainsi pour discuter du sort de leurs stations-fantômes, désaffectées depuis la cessation d’activité du groupe Oil France en 2012. Comme le rapportait un article publié dans Le Parisien, les communes sont très mal informées quant à l’état des infrastructures en question (dépollution des sols etc.) et peuvent alors difficilement se lancer dans de grands projets de reconversion…

Vers des hub de reconversion ?

Pourtant, l’idée n’est pas nouvelle. Une vague de reconversion des stations-services abandonnées frappait déjà d’autres territoires il y a quelques années. En 2014, Urbanews dressait ainsi un enthousiasmant tableau de ces initiatives piochées à travers le monde. Qu’ils soient temporaires ou pérennes, dédiés à la détente ou au partage intergénérationnel, ces nouveaux lieux représentent bien souvent une performance architecturale, artistique, d’urbanisme ou de design singulière.

“La grande variété d’exemples de reconversion de stations-service révèlent la potentialité cachée de ces espaces à l’abandon. L’importante emprise foncière de ces installations (nous ne parlons pas seulement de petites stations rurales, mais parfois de grandes stations désaffectées en milieu urbain) permettent d’entamer des reconversions ambitieuses cherchant toujours à modifier la perception que les citadins se faisaient de ce type d’espace.

[…]

Les lieux désaffectés sont souvent des terrains propices pour les collectifs d’artistes et autres architectes fantaisistes laissant aller leur imagination sur ces espaces à reconquérir. La station-service ne recouvre pas une fonction d’usage, mais devient œuvre elle-même, lieu d’étonnement voire même de poésie.” – Claire Gervais

Et si ça devenait le meilleur spot pour admirer un coucher de soleil

Et si ça devenait le meilleur spot pour admirer un coucher de soleil Crédit Don DeBold sur Flickr

En France, la situation semble pour l’instant moins stimulante, étant donnés les coûts, ainsi que le flou administratif et sanitaire évoqué précédemment. A Colombes par exemple, l’une des stations rachetées par la mairie est vouée à disparaître. Après une opération de dépollution coûteuse, les nouveaux promoteurs ont ainsi pour projet de construire “une trentaine de logements en accession à la propriété, un commerce de 300 m² en rez-de-chaussée et un parking en sous-sol” à la place de cette infrastructure urbaine d’hier…

En espérant que tout le potentiel de métamorphose de ces lieux puisse finalement surgir sans trop de contraintes, on se laisse rêver à des pompes à essence ravivées en nouveaux instruments de marketing territorial des bords de route

Pour aller plus loin :

{pop-up} urbain
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