Cmarue : quand les habitants prennent part à la revitalisation commerciale
Lancé en octobre 2017, Cmarue est une solution d’implantation participative de commerces. En se rendant sur le site via son téléphone portable, un riverain peut ainsi contribuer au choix des commerces qui pourront s’installer dans les locaux inoccupés de son quartier. Grâce à ce dispositif, les citoyens sont pleinement intégrés à la fabrique de leur ville, en particulier dans son volet commercial.
Co-fondé par Nadia Tiourtite et Xavier Moisant, Cmarue bénéficie d’un accompagnement de développeurs, et de l’équipe de Datactivist (le projet repose de fait sur l’open data !). Aujourd’hui, il est en test dans le 19e arrondissement de Paris. Nous nous sommes entretenus avec Nadia Tiourtite pour découvrir la face cachée de ce dispositif prometteur !
Pourquoi avoir créé Cmarue, là où on imagine que la question de l’occupation commerciale relève du pouvoir public ?
L’activité commerciale relève de l’initiative privée. La gestion des locaux se fait dans un rapport d’offre et de demande. Avec la vague de désertification commerciale et les centres-villes vides qui deviennent un enjeu national, le pouvoir public adopte petit à petit des démarches, et notamment un travail d’enquête sur les besoins des habitants. Des boutiques éphémères peuvent également par exemple être créées dans cet objectif. De la même manière, des sociétés d’économie mixte ont été mises en place : elles préemptent des locaux pour y installer des commerces de proximité.
Il n’appartient pas au pouvoir public de développer des solutions technologiques pour favoriser la consultation citoyenne. Ce volet dit civic-tech est souvent pris en charge par de nouveaux entrepreneurs, sensibles aux questions de la vie publique et du lien social. Pour Cmarue, nous sommes partis du fait que, dans notre vie quotidienne, nous observons des commerces ouvrir et fermer, sans que les résidents ne soient interrogés, et ce alors même que les technologies de crowdsourcing existent depuis longtemps ! Or, c’est important tant pour l’habitant, qui a un besoin à satisfaire, que pour le futur commerçant, qui pourra mieux envisager la demande et adapter ses services.
Justement, quelle garantie les habitants ont-ils de voir leurs voeux émis sur Cmarue pris en compte par la suite ?
Avant de lancer le projet, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui construisent les quartiers et possèdent les locaux. Nous avons convenu avec ces bailleurs (le GIE Paris Commerce et la Semaest pour le 19e arrondissement) qu’ils s’attacheraient à respecter les 3 voeux les plus exprimés par les habitants de leur quartier d’implantation. La principale limite restant la qualité commerciale des dossiers qu’ils recevront ensuite…
De fait, Cmarue est un outil de commercialisation. Aujourd’hui, les bailleurs ne savent pas forcément identifier les besoins des habitants, les outils de statistiques socio-démographiques offrant des données assez froides et difficilement exploitables pour identifier un besoin propre. C’est d’ailleurs tout autant un enjeu pour les propriétaires de biens et pour les constructeurs. Pour des implantations commerciales plus durables, il est en effet crucial pour un ensemble d’acteurs d’acquérir une meilleure connaissance des attentes et besoins de leur clientèle potentielle.
Aujourd’hui, vous avez des premiers retours positifs sur l’action dans le 19e arrondissement. Quelle est la suite pour Cmarue ?
Nous commençons tout juste à présenter le projet en conseils de quartier. Côté commerçants, nous avons des porteurs de projets intéressés par cette démarche innovante. Lorsqu’on leur propose une relation directe avec les habitants, ils sont évidemment intéressés. Nous avons d’ailleurs mis en place un système de “matching” dans la partie “porteurs de projet” du site : les riverains pourront ainsi “matcher” avec un futur commerçant si l’offre qu’il propose correspond à leurs attentes !
Les 10e et 18e arrondissements de Paris montrent de l’intérêt pour Cmarue. Dans notre plan de test, nous avons deux cibles à venir : les nouveaux quartiers sortis de terre, où la vie riveraine peut être co-construite en amont, et les centres-villes de villes moyennes, qui souffrent le plus de la désertification des commerces.
Retrouvez Cmarue sur Twitter, ou écrivez-leur à bonjour@cmarue.fr
Vos réactions
Excellente initiative.
Cette démarche autour de la participation citoyenne sur le volet commercial est une vraie avancée. Habituellement, on se retrouve sur des sujets autour de l’habitat, aménagement d’espaces publics…
Bravo!
Initiative intéressante, à croiser avec la possibilité de préempter les locaux commerciaux par les collectivités territoriales ou leurs groupements, directement ou par l’intermédiaire d’une société d’économie mixte dédiée par exemple…